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d’un œil ravi l’industrie de l’Allemagne, de l’Italie et de la France, indéfiniment suspendue. Elle contemple notre production arrêtée pour au moins dix-huit mois. Elle va redoubler ses efforts, tuer des femmes, des enfans, des ouvriers par milliers, pour tout établir à bas prix et s’emparer des marchés du globe ; et nous trouverons encombrement et bon marché partout, quand nous voudrons recommencer la lutte commerciale. L’Angleterre donnerait bien cent francs par jour à tous ceux qui siègent au Luxembourg, pour qu’ils y siégeassent encore pendant six mois. Ils y font ses affaires, sans le savoir d’ailleurs, car ils ont tous les meilleures intentions du monde. Seulement, ils ne pourront jamais réduire le prix des alimens, et là est toute la difficulté. Le prix du blé domine la question du travail, et le changement d’assiette des impôts regarde l’Assemblée Nationale. Ainsi, que fait-on là ? Cherchez vous-même la réponse.

En ce moment, ce n’est pas assez de tout le bon sens, de toute l’intelligence de la France ; pour rétablir sa prospérité fabuleuse qu’on a compromise, il faut un Bonaparte industriel, et, à la République, un organisateur.

La rude guerre qu’on fait au capital, vie et sang du commerce, exige une autre lettre, où nous prouverons que le capital est le travail passé qui commandite le travail présent, que le tourmenter, toucher à la propriété de quelque manière que ce soit, c’est vouloir empêcher le travail à venir, et nous examinerons la question de l’impôt, qui doit être totalement remanié.


H. DE BALZAC.