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réservé aux sociétaires, pour des emplois productifs et rémunérateurs. Elle puise à trois sources : son capital social ; les dépôts qu’elle reçoit ; enfin, elle emprunte en cas de besoin, soit auprès de la Caisse générale d’épargne, soit auprès des caisses centrales de crédit. Quant à l’intérêt des sommes prêtées, l’expérience a démontré la sagesse de ce précepte : la différence entre les intérêts que la caisse paie pour ses emprunts et les intérêts qu’elle exige pour ses avances, doit être de trois quarts à 1 pour 100 en faveur des opérations de prêts. Ainsi la caisse rurale paie d’ordinaire 3 pour 100 d’intérêts pour ses dépôts d’épargne, pour ses emprunts, et elle demande 4 pour 100 pour ses prêts. Point de prêts de consommation, mais des prêts de production pouvant rapporter un intérêt supérieur à celui que l’emprunteur doit payer. La responsabilité solidaire, illimitée, a pour contrepoids des précautions multiples et fort minutieuses ; ainsi la caisse ne prête qu’à ses membres, à des habitans connus de la paroisse ou de la commune, dans un dessein d’utilité : l’assemblée générale fixe le chiffre maximum des prêts ; le conseil de surveillance examine tous les trois mois les affaires en cours ; les membres du conseil d’administration remplissent leurs fonctions gratuitement, et doivent, sous leur responsabilité personnelle, éviter les opérations présentant quelque danger. Enfin l’emprunteur fournit des garanties sérieuses : hypothèque, gage, privilège agricole, caution. Avec un semblable arsenal de mesures protectrices, les pertes ne sont guère à redouter ; et de fait, ni en Belgique ni en Allemagne on n’a eu à déplorer une seule faillite de caisse rurale.

L’avoir social comprend le montant des droits d’entrée, le total des mises, la réserve, les parts que la société possède dans une caisse centrale de crédit. En effet, les 366 caisses rurales sont affiliées à un groupement régional, et, depuis la loi de 1894, en rapport d’affaires avec la Caisse générale d’épargne. Les Caisses centrales, organes fédératifs, ayant pour but d’établir entre les caisses rurales des relations de bonne confraternité, de leur rendre des services d’ordre administratif et financier, sont au nombre de huit, dont la principale siège à Louvain. Elles contrôlent les caisses rurales, reçoivent le trop-plein des dépôts des unes, consentent des prêts aux autres, les cautionnent en vers la Caisse d’épargne. Elles perçoivent un double ducroire, c’est-à-dire une double commission, l’un pour tout emprunt fait