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En Sardaigne s’épanouit une institution locale fort ancienne, les monts frumentaires, monti disocorso frumentarie e numerari, créés en 1420 pour protéger les paysans contre l’usure, leur avancer des semences remboursables à la fin de la récolte, de l’argent, des instrumens agricoles. En 1898, un décret royal les a réglementés et placés sous le contrôle de l’État ; chaque commune, aux termes de ce décret, doit former un mont de secours autonome, les prêts produisent un intérêt de 4 à 5 pour 100, la caisse dite ademprivile est alimentée en partie par le produit des baux emphytéotiques.


III. — LE CRÉDIT AGRICOLE EN BELGIQUE. L’ABBÉ MELLAERTS. LE BOERENBOND

Qu’on l’approuve ou non, toutes les institutions agricoles en Belgique présentent un caractère politique et confessionnel ; socialistes et catholiques le reconnaissent, le proclament au besoin : des partis nettement tranchés, luttant avec âpreté pour la vie, c’est-à-dire pour le pouvoir, des convictions très ardentes, une certaine tendance à se grouper, à s’associer, sans doute en souvenir des ghildes du moyen âge, le goût de la bataille, le sens de l’organisation pratique, uni à une singulière faculté d’idéalisme chez ce peuple plus grand par le caractère et par ses actions que par le nombre des habitans et l’étendue du territoire, une telle situation explique peut-être le trait particulier, et aussi le succès d’une semblable combinaison. A vrai dire, elle a réussi brillamment du côté catholique, et assez médiocrement du côté socialiste ; le principal leader et écrivain socialiste, M. Emile Vandervelde, reconnaît avec mélancolie que le parti ouvrier n’a presque rien conquis sur ces paysans « avec lesquels on peut tout, sans lesquels on ne peut rien. » S’il a cependant réussi à implanter dans les pays agricoles (terrœ incognitœ) quelques comices et syndicats, un petit nombre de laiteries coopératives et de sociétés coopératives rurales de consommation, c’est grâce aux trains ouvriers qui, le soir, ramènent à la campagne beaucoup de travailleurs des usines et des ateliers : ainsi, pour 50 kilomètres, ils paient leur coupon de semaine 2 fr. 25, alors que les voyageurs ordinaires versent 3 fr. 25 pour leur unique billet d’aller et retour. Inconnus dans les districts de petite culture, sporadiques et intermittens