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beaucoup moins gravement atteintes que les institutions de crédit ordinaire : leur force de résistance a étonné les fondateurs eux-mêmes. De 1887 à 1895, le nombre des banques populaires s’éleva de 618 à 720 ; et dans ces chiffres ne sont pas comprises les caisses rurales.

Les Banques populaires italiennes sont, depuis tantôt vingt ans, fédérées en une grande association : Associazione italiana delle Banche popolari.

L’administration est toute de dévouement : députés, sénateurs, anciens ministres, les hommes les plus distingués, sans distinction d’opinions, y prennent part avec un zèle qui ne s’est jamais ralenti. « Là, comme partout, il ne suffit pas d’avoir une bonne machine, il faut un bon mécanicien. » Pour cliens, des commerçans, des industriels, des cultivateurs ; la Banque de Milan correspond avec toutes les banques populaires de la Haute-Italie : et, partant de ce principe que le travail et la probité sont le capital des pauvres gens, elle cherche à instituer le crédit personnel en leur faveur au moyen de prêts sur parole ou prêts d’honneur, qui, il est vrai, leur donnent de quoi vivre et non de quoi se rendre utiles, font ce qu’on a appelé le crédit à la consommation, tandis que le vrai crédit personnel est un moyen de travail, une avance à la production. Ces prêts, qui ne peuvent dépasser 200 francs, sont absolument gratuits, mais l’emprunteur doit en indiquer l’emploi et se présenter sous le patronage de deux personnes qui, sans répondre de lui pécuniairement, certifient qu’il saura remplir ses engagemens. En 1893, 70 banques populaires consentaient des prêts d’honneur. À Lodi par exemple, 10 000 francs sont affectés à des achats de machines à coudre, la banque populaire règle elle-même le marchand et se substitue à lui pour recevoir des acomptes ; ailleurs, les crédits visent la fourniture d’outils, de matières nécessaires au travail, la location de boutiques, l’entretien d’apprentis, etc. « Le crédit sur gage, remarque Léon Say, n’a jamais été que l’enfance du crédit. Le crédit public n’existait pas, quand les rois empruntaient sur leurs reliques ou bien sur leurs bijoux ; il n’a été véritablement fondé que lorsqu’il est devenu en quelque sorte personnel, que lorsque l’État a pu trouver des capitaux sur la confiance qu’il inspirait, et lorsque les créanciers de la nation ont eu pour gage général les revenus publics sans affectation spéciale. Le crédit commercial a passé par les mêmes phases. Le crédit agricole est