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national, et qu’elle est dépourvue, du moins à regard des ouvriers, des sanctions nécessaires au respect de cette autorité.


VI

Pour compléter cet aperçu sommaire du mouvement socialiste en Australie, il serait utile de donner quelques détails sur les projets du labour party en faveur de la nationalisation du sol, des exploitations minières, et de certaines autres industries, sur les procédés financiers qu’il a suggérés afin de mettre à la disposition de l’Etat les ressources nécessaires à ces nouvelles expériences, enfin sur son attitude dans la question de l’impérialisme britannique et dans celle des relations de l’Australie avec les pays étrangers. Ces développemens m’entraîneraient hors des limites dans lesquelles je me dois tenir. J’indiquerai seulement, autant qu’une impartiale observation le peut permettre, ce que la situation actuelle du socialisme en Australie laisse augurer de son avenir.

Cet avenir ne dépend pas seulement de la direction donnée à la politique du labour party. La facilité avec laquelle il a pu exercer et exerce encore une influence considérable sur le gouvernement du pays, les faibles résistances qu’il a rencontrées, sont d’insuffisantes garanties de ses progrès futurs.

Dans une période de dépression (1893-1902), on a attribué au labour party le marasme des affaires et la baisse du crédit ; dans une période de relèvement (1902-1906), le labour party s’est attribué le mérite de l’accroissement de la prospérité générale. Ce sont là des assertions, non seulement hypothétiques, mais erronées.

Il y a en Australie un facteur de la richesse publique dont l’importance est bien au-dessus des agitations politiques, de la sagacité des gouvernemens et de l’influence des partis. Ce facteur, c’est la pluie. L’Australie est, avant tout et pour longtemps, pastorale et agricole. Pendant les huit années qui ont précédé 1903, et surtout pendant la seconde moitié de cette période, la sécheresse a désolé le pays. Son troupeau de moutons, de plus de 100 millions de têtes, a été réduit à 55 millions, et les récoltes des céréales ont donné de déplorables rendemens. En de telles circonstances, et en quelque pays que ce soit, les mécontens deviennent nombreux et remuans. Leur intervention