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hâta de présenter, sous le titre de Customs bill, un projet de règlement en 277 articles, résumant en un choix intelligent les dispositions les plus sévères des ordonnances de douanes, non seulement des États australiens, mais des pays où les tracasseries du fisc ont atteint les limites extrêmes.

Ce règlement édictait, pour de simples négligences, de lourdes pénalités, et prenait soin d’enlever aux Cours de justice le pouvoir de réduire au-dessous d’un minimum fixé les peines ou amendes encourues par les délinquans. Des instructions spéciales, destinées, — ainsi que le déclarait sir W. Macmillan au Parlement fédéral[1], — à maintenir les agens du service dans la crainte d’être désavoués et punis s’ils n’assuraient l’exécution la plus rigoureuse de la loi, laissaient d’ailleurs au ministre un pouvoir discrétionnaire sur la solution des affaires contentieuses.

Les deux années du ministère de M. Kingston furent deux années de lutte contre le commerce. Il y apporta une obstination dont le souvenir restera longtemps dans la mémoire des négocians d’Australie. En tant que ministre des douanes, son désir d’obtenir de cette administration un maximum de rendement était légitime, à la condition toutefois de ne pas oublier que c’est le commerce qui nourrit la douane. Il l’oublia. Comme ministre du Commerce, il devait faciliter, protéger, encourager les transactions, surtout se renseigner, — il en avait besoin, — sur les nécessités pratiques, afin d’y satisfaire dans la mesure du possible. Mais il comprenait autrement sa mission. Dans sa pensée, le rôle du ministre du Commerce était de réglementer, contenir et discipliner le commerce. Il fut le ministre du moins de commerce possible. Croyant devoir défendre l’État contre les commerçans, il s’était armé pour cette bataille. Il la poursuivit avec une si consciencieuse résolution qu’il y ruina en moins de deux ans sa robuste santé.

Le commerce maritime, c’est-à-dire l’industrie des transports par mer, était plus désarmé que le simple négoce contre les rigueurs administratives. Les grandes maisons d’importation occupent un personnel nombreux, et les chefs de ces établissemens ont en mains de trop grands intérêts pour ne pas disposer d’une certaine influence ; tandis que les compagnies maritimes

  1. Chambre des Représentans. Séance du 2 juin 1903.