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LA
RENAISSANCE CATHOLIQUE EN ANGLETERRE
AU XIVe SIÈCLE

L’histoire des idées est en elle-même une œuvre très haute ; la délicatesse s’en accroît lorsqu’elle se confond, en fait, avec l’histoire des consciences, lorsque, au lieu de se laisser envisager dans une abstraction sereine, ces idées, sous nos regards, livrent assaut à des âmes, et lorsque ces âmes, une fois maîtrisées, réagissent à leur tour sur les idées victorieuses, pour les élaborer, pour les enrichir, et pour en extraire laborieusement des étincelles jusqu’alors inaperçues. Aucune lecture n’est plus difficile, même rétrospectivement, que celle d’une âme en travail : il y faut des pudeurs infinies, et je ne sais quels talens de confesseur, expert à pénétrer les secrets les plus intimes. Aucun spectacle ne comporte des notations plus minutieuses, que le spectacle d’un long et patient frôlement entre une conscience et une croyance : il faut être aux aguets pour saisir les minutes de crise où le drame se ramasse, et pour les interpréter exactement. Rien de commun, par exemple, entre les résistances hautaines d’une raison qui refuse de se courber, et les reploiemens timides d’un cœur un peu farouche, sauvage encore à l’endroit de la lumière, et s’y fermant à demi, comme une sorte de sensitive, sans pourtant la repousser.

La renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle, dont les trois volumes de M. Thureau-Dangin nous offrent le tableau