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il se faisait expédier par sa mère des pièces de piano, de Schumann, destinées à Mme Edwards ; où il dessinait la curieuse et très rare eau-forte qui représente Edwards jouant sur la flûte un morceau de Schumann avec sa femme qui l’accompagne au piano ; d’où il écrivait enfin à ses parens :


Que vous dirai-je de nouveau ? Rien. J’ai commencé à travailler, je suis heureux, je crois que c’est tout. Ta lettre, ma chère mère, m’a fait grand plaisir et je vais répondre en la relisant, car que vous dirais-je ? Que je relis les Misérables qui me font grand plaisir, que la musique de Schumann que Madame joue dans la chambre à côté est superbe, que j’entre dans un monde musical qui me plaît beaucoup. Cette musique de l’avenir, je la pressentais. C’est celle-là que j’aimerais faire, si j’étais musicien, hélas !


Ce dernier séjour à Sunbury avait sensiblement resserré les liens entre ses amis d’Angleterre et Fantin, si bien que les lettres qu’ils échangent deviennent plus fréquentes ; que leur correspondance prend alors une tournure plus familière, une correspondance où la musique tient une large place en raison des œuvres auxquelles il s’était initié chez les Edwards et de leur commune admiration pour l’auteur de Manfred.


J’envoie en même temps que ma lettre, — écrit-il en octobre 1864, soit très vite après son retour à Paris, — j’envoie en même temps que ma lettre une Vie de Robert Schumann, que le marchand de musique m’a indiquée. Madame, lisez-la, je vous prie. Cela vous servira pour jouer cette musique ; c’est court, mais c’est très utile pour comprendre ce grand artiste. Il faut s’être attendri, avoir connu les souffrances de cette vie pour bien comprendre cette musique. Oh ! je suis tout entier au culte de ces grands artistes. Voilà ma religion, l’Art ; voilà le seul idéal, la seule chose pure dans l’homme... En attendant le travail, l’envie de reprendre mes études, je me laisse aller à la musique. Hier c’était le premier Concert populaire de musique classique, dont je vous ai parlé. J’y ai été. C’était Jubel-Ouverture, de Weber, avec le chant national anglais à la fin. Une superbe symphonie de Haydn avec un adorable minuetto. Quelle belle musique ! La polonaise de Struensée (opéra joué en Allemagne), de Meyerbeer, m’a paru n’avoir pas la grandeur de toute la musique de ce concert. Un andante de Mozart, vous savez : Mozart, c’est tout dire, un andante de cet ange ! Puis, pour finir, la grandiose symphonie de Beethoven en ut mineur. C’est foudroyant, l’on est emporté dans un monde splendide. Schumann a dit quelque chose de bien : « C’est haut comme le ciel, c’est profond comme la mer. » Oui, l’on est là, au centre, pris de vertige ; on ne sait où l’on est entraîné sur ces hauteurs, dans ces profondeurs...


Puis, après avoir entretenu ses amis de choses qui n’ont pas trait à notre sujet, il ne se tient pas de terminer sa lettre comme