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courant, et M. Champion estime « qu’elle laisse encore beaucoup à désirer. »

C’est « l’exemplaire de Bordeaux » que la Commission des archives municipales de la grande ville a décidé de « reproduire, » et dont nous avons depuis quelques jours le premier volume sous les yeux. La préparation et la publication en ont été confiées à un jeune professeur de l’Université de Bordeaux, M. Fortunat Strowski, à qui nous devions un livre essentiel sur Saint François de Sales et la renaissance du sentiment religieux au XVIIe siècle ; et sa nouvelle tâche, extrêmement laborieuse et délicate, ne lui pas déjà pris moins de deux ou trois ans de sa vie. Nous espérons pour lui qu’elle lui deviendra plus facile à mesure de son avancement même. C’est en ces sortes de travaux qu’on peut dire « qu’il n’y a que le premier pas qui coûte ; » et, selon toute apparence, les trois volumes qui doivent compléter « l’édition municipale des Essais de Montaigne » — c’est déjà le nom qu’on lui donne, — se succéderont assez rapidement. Ni M. Fortunat Strowski, ni la Commission municipale de Bordeaux ne nous en voudront d’ailleurs si nous anticipons sur des dates encore incertaines, et, dès à présent, si nous essayons de dire quel est l’intérêt de cette édition.

Disons d’abord quelques mots de la disposition typographique du texte. La base en est formée par le texte de 1588, que des indications marginales, A et B, distinguent du texte de 1580-82-87 ; et tous leb deux A [1580-82-87] + B [1588] nous sont ainsi donnés à la suite l’un de l’autre en caractères romains. Les additions manuscrites viennent alors, chacune en sa place, imprimées en caractères italiques, et elles correspondent généralement aux additions imprimées de l’édition de 1595. C’est toutefois une correspondance qui serait à vérifier pour chaque cas, M. Strowski n’ayant pas tenu compte, en principe, de l’édition de 1595, au texte de laquelle il s’agissait précisément pour lui de substituer an texte « plus approché » de la dernière pensée de Montaigne. Enfin, au bas des pages, les « variantes » sont groupées chronologiquement ; et on peut dire que, de la sorte, nous avons, en vérité, sous les yeux, l’entière succession des différens aspects du texte de Montaigne.

Cette disposition est-elle la meilleure ? On en pourrait concevoir une autre. Il y a déjà quelques années qu’un certain nombre d’érudits, hébraïsans et hellénistes, se sont réunis, sous