plaisir) d’apprendre que, sans doute, elle devrait retourner à Modène, et se consacrer désormais tout entière à Dieu. Car le Parlement, à Londres, se refusait formellement à admettre le mariage du duc d’York avec une princesse catholique ; et la fureur des protestans était telle que Charles II avait à peu près décidé d’annuler la cérémonie de Modène, sauf, pour son frère, à se distraire de son veuvage avec ses maîtresses, s’il ne pouvait se résigner à épouser une protestante. Mais Jacques, maintenant qu’il était marié, n’entendait plus redevenir veuf. Il écrivit de Londres, à sa jeune femme, une lettre où il la priait « de ne pas trop s’inquiéter de ce qui se passait en Angleterre, » et ce fut lui, sans doute, qui obtint de son frère que celui-ci, après avoir paru vouloir céder aux sommations des protestans, se rendît à la Chambre des Lords, un beau matin, en robe royale et la couronne en tête, pour proroger le Parlement jusqu’à l’année suivante. Aussitôt, le duc d’York fît savoir à la duchesse qu’il l’attendait avec impatience ; et, le soir du premier décembre, le yacht Catherine, escorté de quatre vaisseaux de guerre, amena la jeune femme dans le port de Douvres. « Là, sur le sable, — nous dit Peterborough, — le duc son mari était venu à sa rencontre ; et à peine fut-elle débarquée quelle prit possession de son cœur aussi bien que de ses bras ; et de là fut conduite à son logement. »
Elle était si belle, si charmante, si parfaitement aimable de corps et d’âme, que, toujours, sa présence devait désarmer jusqu’à ses ennemis les plus acharnés. A Londres, quand elle y arriva, on peut bien dire que tout le monde se trouva contraint de l’aimer : le Parlement lui-même, en 1674 et plusieurs fois ensuite, fut tenté de lui pardonner son « idolâtrie. » Les poètes, Dryden, Walter, écrivirent à sa louange des vers qui comptent parmi ce qu’ils nous ont laissé de plus sincère et de plus touchant. Mais elle, avec son cœur de petite fille, longtemps elle ne put se résoudre à accepter pleinement le rôle que lui avait imposé une volonté supérieure. Voici la première lettre qu’elle écrivait de Londres, le 8 janvier 1674, à l’abbesse de ce couvent de la Visitation de Modène où elle avait, autrefois, espéré passer toute sa vie :
Très révérende More,
Je suis en très bonne santé, grâce à Dieu, ma chère Mère, mais je ne puis pas encore m’accoutumer à cette condition où je nie trouve, et à laquelle, comme vous savez, j’ai toujours été opposée ; et, en conséquence,