qu’une réforme partielle. L’impôt des portes et fenêtres, déjà supprimé en principe, disparaîtrait en fait ; il en serait de même de l’impôt personnel mobilier, et M. le ministre des Finances exprimait l’espoir, sans toutefois prendre l’engagement formel de le faire, qu’il pourrait étendre la suppression à l’impôt foncier sur les propriétés non bâties, soit en totalité, soit en partie. Dans sa pensée, la réforme s’appliquera par la suite aux quatre contributions directes ; elles disparaîtront toutes pour faire place aux cédules dont nous avons parlé plus haut. Mais il s’agit d’un milliard d’impôts dont un peu plus de la moitié revient à l’Etat et le reste, sous forme de centimes additionnels, aux départemens et aux communes : les supprimer d’un trait de plume, pour les remplacer par d’autres taxes dont quelques-unes n’ont pas été encore suffisamment étudiées, serait une aventure voisine de la folie. Aussitôt qu’on s’est expliqué, le désaccord est apparu. Il faut rendre à M. Pelletan la justice qu’il n’a rien fait pour le déguiser, au contraire. M. Poincaré n’a pas été moins net : il a déclaré qu’il n’accepterait pas de faire courir au budget les risques d’une opération globale faite d’un seul coup.— Vous aurez au mois d’octobre, a-t-il, dit, la suppression de deux contributions directes certainement, de deux et demie probablement, mais pas davantage : le reste viendra plus tard. — La question étant ainsi posée, on est allé au vote : le gouvernement a obtenu une majorité de 389 voix contre 147, majorité qui a encore augmenté, comme il arrive toujours, dans les scrutins ultérieurs et qui s’est finalement élevée à 410 voix contre 42. C’est trop beau ! On se demande si cela durera.
En tout cas, ce ne sera pas la faute de la Commission du budget. A peine la Chambre est-elle entrée en vacances que la Commission s’est mise à tailler des croupières à M. le ministre des Finances, que quelques-uns de ses membres sont d’ailleurs tout prêts à remplacer : dès qu’on s’adressera à leur dévouement, l’appel sera entendu. Dans ce milieu particulier où chacun se croit un spécialiste, mais qui ne paraît guère représenter l’esprit de la Chambre, la malveillance est évidente à l’égard des projets du gouvernement. Celui-ci a compris dans le budget de 1907 la révision des évaluations du revenu des propriétés, foncières non bâties : la Commission s’est empressée d’en opérer la disjonction, ce qui est une manière de renvoyer la révision à un temps indéterminé. Il semble que la Commission se soit proposé par là de rendre impossible au mois d’octobre la partie de la réforme fiscale que M. Poincaré avait exprimé l’espoir d’appliquer à la propriété non bâtie : elle l’accusera ensuite de n’avoir rien fait, ou presque rien. Et puis