représentant à peu près le nombre des fonctionnaires (sans compter leurs parens, alliés, serviteurs, cliens ou obligés, ou les agens officieux du ministre de l’Intérieur) rompraient le glorieux équilibre de la machine radicalo-socialiste. S’il est vrai que l’écart a fortement augmenté depuis 1902, on peut dire pourtant, quelque paradoxale que cette assertion paraisse à beaucoup, qu’à l’examiner dans ses détails et à l’analyser ainsi de sang-froid, la manifestation du 6 mai n’a peut-être pas été aussi « éclatante » que l’affirme la dernière déclaration ministérielle, et que la partie n’est, peut-être, pas aussi irrémédiablement compromise que l’annoncent, suivant leurs habitudes périodiques, les découragés par profession, toujours prêts à porter le deuil de ce qu’ils appellent assez orgueilleusement leurs illusions. Ainsi que nous le verrons plus loin en reprenant ces chiffres, la majorité élue et légiférante est une majorité déformée, grossie, boursouflée. Elle est fort éloignée d’être la représentation exacte de la « volonté nationale, » ainsi exprimée au premier tour de scrutin. Et par suite de la défectuosité du mode de votation, on peut dire qu’elle n’est autre qu’un mensonge heureux dont profitent les partis gouvernementaux et en compagnie duquel il faut nous résigner, pour le moins, à vivre quatre années durant.
En ce qui concerne les partis ou groupemens principaux, il n’est pas sans intérêt de donner la décomposition des votes du 6 mai[1] :
1 484 066 voix se sont portées sur | 227 candidats radicaux-socialistes. |
1 288 483 — — | 234 — radicaux. |
1 198 959 — — | 391 — socialistes unifiés ou indépendans. |
1 118 043 — — | 177 — progressistes. |
1 053 823 — — | 162 — républicains de gauche. |
986 961 — — | 126 — conservateurs. |
962 411 — — | 162 — libéraux. |
539 313 — — | 88 — nationalistes. |
74 021 — — | » — divers. |
Après les électeurs qui font les députés, les candidats qui aspirent à l’être et les élus qui sont proclamés : 1 610 candidats environ en 1906 pour 575 sièges contre 4 000 environ en
- ↑ Nous avons utilisé pour ce travail les chiffres et dénominations donnés par le Temps, le Journal des Débats, le Petit Parisien et, pour les députés sortans les votes divers relatifs à la séparation et aux congrégations enseignantes.