Et tout d’abord les électeurs ; ceux des 575 circonscriptions de la métropole s’entend, car nous n’exprimons point ici d’opinion sur la représentation coloniale, mais l’analyse ne peut, en toute sincérité, s’étendre aux citoyens de la Pointe-à-Pitre ou de Pondichéry.
Il y avait en France en 1906, 11 166 012 électeurs inscrits contre 10 987 500 en 1902, soit une augmentation de 178 512 ; ce dernier chiffre équivaudrait pour une seule période de quatre années, d’après la proportion généralement admise entre habitans et électeurs, à une augmentation de population de 650 000 habitans environ. Il serait intéressant de se reporter, à cet égard, aux recensemens de la période 1881-1885 qui correspond à la naissance de ces nouveaux électeurs. Puisse du moins cet accroissement d’inscrits ne répondre pas à la seule catégorie d’électeurs auxquels faisait allusion ce candidat sceptique lorsqu’il répondait à un interlocuteur désireux de savoir par quel quartier il commençait ses visites dans une grande ville méridionale : « Mon ami, je vais d’abord au cimetière, car c’est là que je me connais le plus grand nombre d’adversaires. » La surveillance active des listes électorales devrait être à la base de l’organisation de tout parti politique : sans elle il n’y a que paroles emportées par le vent et qu’argent sottement dépensé.
Sur ces 11 166 012 inscrits, 8 703 302 électeurs ont exprimé au premier tour de scrutin des suffrages valables, représentant ainsi 77,95 pour 100 de la totalité du corps électoral.
Les abstention 3, bulletins blancs ou suffrages nuls, — se montent 2 462 710, — soit 22,05 pour 100. Dans dix départemens[1] (dont huit du midi) les abstentions ont dépassé 30 pour 100. Que dire du Var, prompt à la parole, où elles atteignent 52,6 pour 100 et de la Corse avec ses 45,6 pour 100 ! Dans onze départemens[2] (dont deux seulement sont méridionaux) elles
- ↑ Var : 52,6 p. 100 ; Corse : 45,6 p. 100 ; Basses-Alpes : 39,9 p. 100 ; Seine-lnférieure : 32,8 p. 100 ; Alpes-Maritimes : 32,3 p. 100 ; Puy-de-Dôme : 31,6 p. 100 ; Finistère : 30,8 p. 100 ; Bouches-du-Rhône : 30,3 p. 100 ; Aude : 30,3 p. 100 ; Rhône : 30,1 p. 100.
- ↑ Vendée : 10,8 p. 100 ; Aisne : 11,8 p. 100 ; Oise : 12 p. 100 ; Charente : 12,7 p. 100 ; Pas-de-Calais : 13,6 p. 100 ; Meuse : 14,1 p. 100 ; Loiret : 14,4 p. 100 ; Sarthe : 14,5 p. 100 ; Loir-et-Cher : 15 p. 100 ; Yonne : 15 p. 100 ; Hautes-Alpes : 15 p. 100.