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LETTRES
DE
BENJAMIN CONSTANT
Á
PROSPER DE BARANTE[1]

DERNIERE PARTIE
1809-1830


XVII


Lyon, le 2 juillet 1809.

A Monsieur Prosper de Barante.

Il y a longtems, cher Prosper, que nous ne nous sommes écrit. Je ne sais plus si c’est à vous ou à moi qu’en est la faute. Ce que je sais, c’est que ce n’est pas à mon désir que nous pouvons nous en prendre. Il a été comme il sera toujours, de recevoir de vos nouvelles, le plus souvent possible, car ce m’est un de mes plus grands plaisirs, et qui ne le cède qu’à celui plus grand encore de vous voir.

Mais êtes-vous actuellement en état de prendre intérêt à moi ? Je voudrais vous offrir des consolations sur le nouveau malheur[2] qui vous a frappé. Je sais trop malheureusement que

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.
  2. M. de Barante venait de perdre deux de ses frères : Amable, mort le 10 mars à Saint-Cyr ; Charles, officier de chasseurs à cheval, tué le 8 mai, au passage de la Piave.