Pondichéry, 30 juin 1901.
Le pion Cheick Iman[2] m’a remis l’autre matin trois cartes de visite. Sur la première s’alignent les titres honorifiques de T. A. Sandirapoullé : Président honoraire du Comité consultatif de jurisprudence indienne — chevalier de la Légion d’honneur — officier d’Académie — médailles d’or de 1re classe — Canne à pomme d’or.
Cette dernière dignité me permet de reconnaître Sandirapoullé, mieux que son nom, oublié par moi depuis longtemps. Est-il possible qu’il soit encore vivant, ce petit vieux basané, au nez chaussé de lunettes d’argent, que l’on nous montrait, il y a vingt ans, dans les rues de Pondichéry, comme un personnage légendaire ? Gravement, il s’avançait, à pas comptés, s’appuyant sur cette haute canne à grosse pomme d’or, léguée par