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aux consuls pour s’excuser d’être parti « parce qu’il n’avait pas six écus — 90 francs — d’assurés. »

La commune essaye successivement tous les systèmes, sans doute pour éprouver à l’usage quel est le meilleur : celle-ci prend un maître d’école à 150 francs par an, plus le logement, — souvent on lui accorde aussi le chauffage ; — peu après, « comme il ne fait pas son devoir envers les enfans, » elle le remplace par un autre à 220 francs ; puis elle porte ses gages à 650 francs à la condition qu’il ne prendra aucun salaire des écoliers. » Enfin elle supprime la totalité du traitement, l’instituteur devant se contenter uniquement de la pension payée par les parens.

En dix ans, tous les modes de rémunération avaient été appliqués là : appointemens fixes, combinés avec la rétribution scolaire, appointemens fixes seuls, autrement dit gratuité absolue de la classe ; rétribution scolaire seule, c’est-à-dire l’école à la charge exclusive des intéressés. Il est d’autres façons, pour l’agglomération communale, de récompenser son « précepteur : » l’un est « nourri et alimenté par les particuliers les mieux aisés, » chacun pendant un mois ; régime qui dura cent vingt ans et prit fin en 1715, où l’on accorda une indemnité annuelle de 100 francs au pédagogue, « attendu que personne ne veut plus le nourrir. » Un « pauvre jeune homme instruisant la petite jeunesse, » à Vézelay, reçoit 50 litres de froment et 50 litres d’orge, pris aux revenus de l’hôpital, qui prélève ainsi, sur la part des malades, la part des ignorans.

A Brétigny, le magister est payé au moyen de souscriptions volontaires s’élevant à 240 francs par an. Ailleurs cette redevance est rendue obligatoire, par délibération municipale et imposée sur chaque feu à raison de 5 fr. 80 par laboureur, 4 fr. 30 par journalier et 2 fr. 25 par veuve.

Chaque paroisse agit à sa guise et l’on ne peut trouver mauvais qu’elle cherche à se procurer l’instruction au moindre prix possible. Mais, évidemment, elle lésine trop, et son instituteur mériterait d’être inscrit au bureau de bienfaisance. Il l’est parfois : vers 1750, à Saint-Trivier (Bresse), on accorde, à titre d’aumône, au maître d’école, « attendu sa pauvreté, 2 livres de pain par jour. »

Les ordonnances royales qui fixent les appointemens ne signifient rien, car elles ne furent observées nulle part. Il faut voir