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REVUE DES DEUX MONDES.

Ce pays n’est pas russe, à proprement parler, ou du moins il n’est pas slave. C’est cet arrière-pays, — comme on dit aujourd’hui en langage colonial, — séparé de la Suède par le golfe de Bothnie, et s’étendant indéfiniment vers l’Est, que les Finnois d’abord ont occupé et que les Normands ensuite ont colonisé incomplètement, en dehors de la péninsule Scandinave, dont il est la suite, et dont aucune barrière, surtout pour des pêcheurs et des navigateurs, ne le sépare.

C’est le pays des Hyperboréens, que l’élément grec, venu du Sud, a trouvé trop lointain pour y pénétrer, aussi bien pendant l’antiquité que plus tard, sous la forme christiano-byzantine.

Les invasions des Barbares classiques, venues d’Asie et dirigées vers le monde latin, l’ont laissé en dehors de leur route.

Les obscures migrations finnoises, celles des races que l’on appelle ouralo-altaïques, et dans lesquelles on comprend les Huns, en les apparentant aux Chinois et aux Turcs, y ont seules pénétré, à des époques que l’Histoire définit mal, mais qui se placent entre le IIe siècle avant Jésus-Christ et le VIIe siècle de notre ère.

En dehors de la Laponie et de la Finlande, pays granitiques qui, géologiquement, se rattachent à la Suède, cette région de l’Extrême-Nord comprend encore, en Europe, la Bjarmie, vaste contrée d’une nature géologique différente, — elle est formée de terrains de transition, — comprise entre l’Oural et la Mer-Blanche,

    volonté persistante du prince Hilkoff, ministre des voies de communication, qui a apporté en Russie les procédés de conception simple, d’exécution rapide et de mépris pour les obstacles, que professent les Américains.
    À partir de Kotlas, une magnifique voie navigable, la Dvina du Nord, praticable seulement en été, mais qui sera doublée prochainement par un chemin de fer, est maintenant utilisée par des bateaux à vapeur, et prolonge en ligne droite cette ligne ferrée jusqu’à Arkhangelsk.
    Le chemin de fer de Moscou une fois ouvert, l’initiative et l’énergie du général Engelhardt, gouverneur d’Arkhangelsk, et de ses collaborateurs, qui s’est exercée tant à Arkhangelsk qu’en Laponie et en divers points du même gouvernement, a créé, avec une rapidité qui tient du prodige, des centres de population là où il n’y avait rien, et des ports excellens et fréquentés là où n’abordaient que quelques barques.
    Enfin la construction de la grande ligne du Nord-Est, de Saint-Pétersbourg à Viatka et Perm, longtemps désirée, vient d’être achevée en 1905, malgré la guerre d’Orient, et les premiers trains ont pu passer au mois de septembre dernier. Elle se raccorde avec les deux voies ferrées précédentes à Vologda et à Viatka. Cette ligne a un double but. Elle donne au Transsibérien une issue directe vers la capitale et vers l’Europe, en évitant le détour par Moscou et en diminuant ainsi de deux jours la distance qui sépare la Sibérie de la mer Baltique. Mais elle établit aussi une relation directe entre Saint-Pétersbourg et les régions de l’Extrême-Nord, qui jusqu’à présent n’étaient que très difficilement accessibles.