Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 34.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont disponibles et 225 millions de tonnes seraient assurées, jusqu’à la profondeur de 600 mètres.

La réorganisation de cette entreprise date de la dernière guerre sino-japonaise. Les mines occupont une longueur de 20 milles sur la ligne ferrée de Tien-Tsin à New-Tchouang.

Le charbon extrait de la mine, la marine marchande le distribue aux points de consommation. Dès le XVe siècle, on appelait déjà la houille « charbon de mer, » parce que les voiliers anglais en transportaient partout. Aujourd’hui, d’innombrables vapeurs, employés à ce trafic, portent ce produit sur tous les océans ; et, comme les Anglais ont perdu le monopole de ces transports, la concurrence amène des fluctuations considérables sur les prix du fret. En 1902, le fret de Cardiff à Gênes descendit à 5 shillings, ce qui n’était pas arrivé depuis 1895. À cette époque, le charbon américain payait : de New-York à Gênes, 9 shillings 1/2 la tonne ; de Philadelphie à Stettin, 10 shillings 1/2 ; de Philadelphie à Rotterdam et Hambourg, 7 1/2.

Ces cargaisons de combustible offrent de sérieux dangers pour les transporteurs. En 1874, sur 4485 navires chargés de charbon, 60 (1 sur 75) périrent par suite de combustion spontanée. L’humidité favorise ces accidens ; elle désagrège et fragmente les morceaux de houille ; d’où, surface plus considérable à l’absorption de l’oxygène. Ce gaz oxydant étant le grand coupable, il importe de connaître tout accroissement anormal de la température des soutes, et l’on a inventé à cet effet plusieurs appareils indicateurs.

Les bâtimens de guerre eux-mêmes ne sont pas à l’abri de ces dangers. En 1874, un cas de combustion spontanée se déclara à bord de l’Antilope, à Saigon. Un matin, comme d’habitude, on ouvrait les trous d’homme du pont, ajin d’aérer les soutes, quand il en sortit une épaisse fumée. Il fallut refermer en hâte, pour empêcher l’air de pénétrer. Le navire étant échoué dans le dock flottant, on dut dérouler une longue manche pour atteindre la rivière. Enfin, on noya l’incendie sous des flots d’eau. Quand on vida les soutes, on constata que la masse entière du combustible avait souffert ; de gros blocs, soudés ensemble, présentaient l’aspect métallique du coke. Le feu couvait donc depuis