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LES
DERNIÈRES ANNÉES DE L’ÉMIGRATION[1]

I
LE SUCCESSEUR DU COMTE D’AVARAY


I

En arrivant en Angleterre à la fin de 1807, Louis XVIII nourrissait l’espoir que, rapproché de son royaume et réuni à son frère le Comte d’Artois, à ses cousins, le duc d’Orléans, le prince de Condé et le Duc de Bourbon, il pourrait travailler plus efficacement pour sa cause. Mais, bientôt, il s’était vu, comme aux étapes antérieures de sa vie errante, condamné à l’inaction. A l’exemple des puissances européennes liguées contre Napoléon, le gouvernement britannique s’obstinait à le tenir éloigné de leurs entreprises communes. Installé à Hartwell, « vieux château sombre et humide, » propriété du duc de Buckingham, à douze lieues de Londres, l’exilé allait y être réduit jusqu’à sa rentrée en France à une vie obscure et morose, tel un homme que ses contemporains ont oublié ou dont ils croient la carrière terminée. Quelques courses chez les châtelains des environs, des stations périodiques à Bath où il ira tous les ans prendre les eaux, de rares voyages d’agrément couperont seuls l’uniformité de son existence. La Reine, le Duc et la Duchesse d’Angoulême, un petit groupe de serviteurs fidèles la partageront avec

  1. D’après des documens inédits. Voyez la Revue des 1er et 15 février.