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II

Les Conseils qui complétaient, pour emprunter une expression à Saint-Simon, la mécanique du gouvernement royal, — gouvernement absolu sans doute, mais dont les formalités administratives tempéraient l’absolutisme, — étaient au nombre de trois principaux : le Conseil des Dépêches où se traitaient toutes les affaires concernant « le dedans du royaume, » et en outre « toute sorte d’affaires qui lui étaient portées pour une raison ou pour une autre[1] ; » le Conseil des Finances où se traitaient, comme le nom l’indique, les questions concernant les impôts de toute sorte et leur mode de perception, ainsi que celles relatives au domaine du Roi : enfin le plus important de tous, le Conseil d’en Haut, qu’on appelait officiellement le Conseil d’État, où se traitaient toutes les grandes affaires de l’État, aussi bien, en temps de guerre, celles relatives aux mouvemens des armées ou aux négociations, qu’en temps de paix celles concernant les relations avec les Puissances étrangères. Le Conseil d’en Haut, qui était le plus important, se tenait sept fois en quinze jours, le Conseil des Finances deux fois par semaine, le Conseil des Dépêches tous les quinze jours seulement. Ces trois Conseils étaient toujours présidés par le Roi qui n’y manquait jamais, dans quelque circonstance que ce fût, puisque, nous l’avons vu, il avait fallu le détourner de tenir conseil le lendemain de la mort de Monseigneur. À ces trois Conseils il faut en ajouter un autre, beaucoup plus étendu par sa composition, car il comprenait trente conseillers d’État et quatre-vingts maîtres des requêtes, appelé Conseil des Parties ou Conseil Privé. C’était une haute Cour qui exerçait sur tout le royaume la juridiction suprême en matière civile et en matière administrative, et devant laquelle pouvaient être portées, par évocation, toutes les affaires dont, disait le Roi, « nous jugeons quelquefois à propos, par des raisons d’utilité publique et de notre service, de lui attribuer la connoissance du fond, en l’ôtant aux juges ordinaires[2]. » Ce Conseil n’était que rarement présidé par le Roi.

  1. Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution, t. VII. Fascicule 2. L’État politique, par M. Ernest Lavisse.
  2. Voir sur ces différens Conseils les savantes études de M. de Boislisle, aux tomes IV et V de son Saint-Simon.