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est maintenu et elle sera administrée par le Khédivat de la même manière qu’elle était administrée du temps de votre grand-père Ismaïl-pacha et de votre père Mehemet-Tewfik-pacha.


Aussitôt sir Evelyn Baring prit acte, par dépêche du 13 avril, de l’engagement relatif à la péninsule Sinaïtique et profita de la circonstance pour affirmer les droits de la Grande-Bretagne.


… Votre Excellence sait qu’aucun changement ne peut être apporté dans les firmans réglant les relations entre la Sublime Porte et l’Egypte sans le consentement du gouvernement de Sa Majesté Britannique. C’est pour cette raison que j’ai reçu l’ordre de demander à Votre Excellence de bien vouloir insérer dans le présent firman une définition des frontières, le présent firman laissant entendre que la péninsule du Sinaï ne dépendrait plus dans l’avenir, administrativement, du Khédivat d’Egypte, mais du vilayet du Hedjaz.


Le télégramme du grand vizir, que vous me faites l’honneur de me communiquer, dit clairement que la péninsule du Sinaï, c’est-à-dire le territoire limité à l’Est par une ligne partant un peu à l’Est d’El-Arich et se terminant à la pointe du golfe d’Akaba, continuera à être administré par l’Egypte. Le fort d’Akaba, qui est à l’Est de cette ligne, doit donc faire partie du vilayet du Hedjaz…

Ces deux pièces constituent en somme les documens essentiels du débat entre la Turquie d’une part, l’Egypte et l’Angleterre de l’autre. En envoyant, le 15 février 1906, un bataillon occuper l’oasis de Tabah, ce sont les revendications de 1892 que le gouvernement ottoman a voulu reprendre. Aux premières protestations de la diplomatie britannique, la Porte essaya de répondre en établissant une confusion entre le Tabah (ou Dabah) situé sur la côte du Hedjaz, occupé jadis par les zaptiehs égyptiens et réoccupé en 1892 par les Turcs, et l’autre Tabah, voisin d’Akaba, et véritable objet du litige. Mais le débat ne tarda pas à être replacé sur son véritable terrain : l’occupation par les troupes turques de quelques morceaux du désert, entre l’ouadi-Rifah et El-Arich, le déplacement de bornes-frontière et de poteaux télégraphiques aux couleurs égyptiennes, montrèrent que c’était bien toute la péninsule que le gouvernement du Sultan réclamait le droit d’occuper et de soustraire à l’administration du Khédive. Si ces exigences avaient reçu satisfaction, le territoire turc se serait avancé jusqu’en face de Suez, sur le bord même du canal. C’est ce qui faisait dire, le 7 mai, au sous-secrétaire d’État au Foreign-Office, parlant à la Chambre des lords : « Il était peu probable que l’Angleterre, après