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LA DUCHESSE DE BOURGOGNE
ET
L’ALLIANCE SAVOYARDE

LE DUC DE BOURGOGNE AU CONSEIL[1]

Nous avons essayé de dépeindre les sentimens qui, dans l’entourage du Duc de Bourgogne, agitaient les âmes, au lendemain de la mort de Monseigneur. Nous avons montré la Duchesse de Bourgogne aimablement triomphante, Saint-Simon ouvertement ambitieux, Beauvilliers et Chevreuse s’abandonnant malgré eux à des espérances humaines que combattait leur piété, enfin Fénelon s’appliquant, non sans quelque mystère, à conserver et à fortifier son influence sur son ancien élève. Mais nous n’avons encore rien dit du principal personnage vers qui convergeaient toutes ces ambitions, étalées ou secrètes, et dont allaient dépendre, avant qu’il fût longtemps, non seulement ces destinées diverses, mais celles de la France. Le moment est venu de tirer, de la pénombre où il se complaisait, le Duc de Bourgogne lui-même, et de le faire apparaître sur le devant de la scène.


I

Le Duc de Bourgogne ne s’était jamais complètement relevé de la disgrâce où, dans l’opinion publique, la malheureuse campagne de 1708 l’avait fait tomber. Il n’avait pas tenu tête à l’orage et s’était au contraire confiné dans une demi-retraite, ne

  1. Voyez la Revue des 1er  et 15 juin 1905 et du 1er mars 1906.