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puisque au cours de l’Encyclique même, il a annoncé des instructions ultérieures, et puisque, avant de les donner, il a tenu à connaître la pensée de l’épiscopat français. Le Pape ne s’étant pas encore prononcé, les convenances nous obligent à la discrétion. Mais c’est pour nous, en vue de cet apaisement dont nous avons parlé plus haut et que nous appelons de tous nos vœux, une circonstance rassurante que l’opinion émise par nos évêques. Elle témoigne d’un désir sincère de ne pas pousser les choses à bout en quelque sorte a priori, et de laisser la loi montrer à l’usage même ce qu’elle est réellement. Elle sera ce que la feront les hommes appelés à l’appliquer. Bien que condamnable dans son principe, toutes les conséquences n’en seront pas nécessairement mauvaises. L’épreuve vaut d’autant plus la peine d’être tentée que, si on ne sait pas tout ce que produira avec le temps l’exécution de la loi, on sait fort bien les inconvéniens immédiats qu’aurait sa non exécution. Mais la parole est au Pape. On comprend qu’il n’en use qu’après mûre réflexion, puisque c’est à lui que reviendra toute la responsabilité, et il y en a eu rarement d’aussi redoutable dans l’histoire.

Il semble que la Chambre éprouve en ce moment un désir sincère d’écarter les complications religieuses en faisant preuve de quelque tolérance, et c’est une disposition dont il faut savoir profiter. Comme on l’a vu, assez d’autres préoccupations l’assiègent. Tant de problèmes difficiles se pressent au seuil de la nouvelle législature qu’ils se font obstruction les uns aux autres ; et ils ont tant de faces différentes que la majorité si compacte en apparence que le pays a renvoyée au Palais Bourbon pourrait bien se diviser en les étudiant. Nous avons dit quel serait le rôle du parti socialiste, ou plutôt il l’a dit lui-même ; celui du gouvernement a été à peine indiqué ; on ne sait rien de ce que sera celui de la Chambre elle-même. Grande confusion dans le présent, grande incertitude dans l’avenir : tel est le bilan actuel de la situation.

L’intérêt un peu absorbant pour nous de nos affaires intérieures nous empêche de parler comme nous le voudrions de celles des autres. Pourtant, il faut dire un mot des élections belges et de l’attentat de Madrid.

Les élections partielles qui viennent d’avoir lieu en Belgique ont été, pour le parti libéral, ou plutôt pour la coalition libérale, une déception qu’elle n’a pas cherché à dissimuler. Elle s’est avouée vaincue et a remis à deux ans la réalisation de ses espérances. Sans doute a-t-elle raison de ne pas y renoncer, car elle a gagné un peu de terrain aux