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qui fût plus clair, plus précis, d’une lecture plus agréable et plus utilement instructive.

Pour nous décrire les principaux phénomènes du spiritisme, tels que les ont affirmés des milliers d’hommes de tous les temps et de tous les pays, M. Lapponi imagine une « séance » où un habile médium exposerait ces phénomènes suivant l’ordre de ce qu’on pourrait appeler leur évolution historique : car c’est chose singulière, et pourtant certaine, que le spiritisme, depuis un peu plus d’un demi-siècle, à mesure qu’il allait se répandant par le monde, a constamment modifié et développé ses manifestations. Après ne s’être révélés à nous que par des coups produits sur les tables, les esprits ont consenti à nous écrire leurs communications ; puis ils se sont incarnés dans la personne des médiums, afin de nous devenir plus proches ; et ils semblent bien s’être enfin décidés, aujourd’hui, à s’exhiber à nous en propre personne, au moins pour quelques instans, à se laisser voir, toucher, et photographier, — en attendant qu’ils viennent s’installer à demeure, parmi nous, et achèvent ainsi, tout ensemble, de nous convaincre et de nous dégoûter de la vie future.

Nous voici donc réunis, dans un salon, autour d’un aimable médium, « aux manières insinuantes, à l’attitude infiniment correcte et courtoise : »


Le médium nous fait choisir une table, que chacun peut examiner à son aise, et la fait installer à tel endroit de la salle qu’il nous convient de lui désigner. Puis il invite quelques-uns des assistans à poser leurs mains sur la table, les unes touchant aux autres, de façon à former une sorte de chaîne. Et alors la table s’ébranle, s’émeut, se penche à droite et à gauche, se soulève un peu du sol, et finit par retomber, pesamment, sur ses pieds. Le médium annonce que les esprits sont présens. Désormais, on peut enlever les mains : les esprits sont prêts à opérer par eux-mêmes.

Voici que, des divers points de la table mis à la disposition des esprits, on entend sortir des bruits de coups secs, violons, pressés et répétés. Et maintenant la table, sans que personne y touche, s’agite, se démène, tourne, se balance sur l’un ou l’autre pied, se transporte d’un endroit à l’autre de la salle : après quoi, brusquement, elle retourne à son poste, et s’arrête, comme épuisée d’un pénible travail.

A leur tour, d’autres meubles se mettent en mouvement. Les chaises, les fauteuils, les porcelaines, les candélabres, commencent une ronde fantastique : ils se meuvent, se heurtent, se mélangent avec un fracas extraordinaire, sans jamais se briser ni subir aucun dommage. Les meubles les plus lourds, les armoires et les coffres, remuent, changent de place, se soulèvent en l’air…

Pendant que ces prodiges s’accomplissent, certains objets de la salle perdent une grande partie de leur poids. Des commodes énormes deviennent si