Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 33.djvu/879

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’histoire achevé, mais un répertoire extrêmement précieux par le soin et la conscience que les auteurs ont apportés à le rédiger : plus de cent cinquante pages, dans le tome VI, sont consacrées à une bibliographie du siège de Québec en 1759, et l’on peut juger par la copieuse « littérature » de livres, manuscrits, plans et gravures qui y est classée, combien cet événement capital de l’histoire canadienne a été discuté et commenté en Amérique et dans l’ancien monde. Un index de tous les noms propres cités pousse le scrupule jusqu’à la minutie : il s’ouvre par « Abélard et Héloïse, » signalés en passant, dans une lettre de 1761, comme fondateurs d’un monastère à Belle-Ile !

Les histoires antérieures du Canada subsistent, dans tous leurs traits principaux, après la publication de ces six volumes ; celle de Garneau, judicieuse et loyale, qui donne si exactement la note canadienne, les livres pittoresques et vrais de Parkman, (Montcalm and Wolfe), le récit clair et vivant de l’abbé Casgrain sur Montcalm et Lévis ; et nous ne disons rien des études plus spéciales que les Ernest Myrand, les Ernest Gagnon, les Benjamin Suite, et tant d’autres travailleurs intelligens ont publiées depuis une vingtaine d’années, et qui font honneur notamment à la Société historique de Québec. Mais MM. Doughty et Parmelee apporteront à l’histoire, sur des points particuliers, des précisions nouvelles ; ainsi l’endroit où Wolfe fut frappé à mort paraît définitivement fixé ; le mérite du coup de main audacieux qui livra Québec aux Anglais revient bien à Wolfe lui-même, et non à ses brigadiers ; le rôle de la marine anglaise, qui coopéra si utilement aux opérations devant Québec, est justement mis en lumière ; par contre, les auteurs sont peut-être trop durs pour Vaudreuil, gouverneur général du Canada en 1759-1760, car il ne fut, semble-t-il, que le titulaire d’un malheur inévitable, étant donnés la détresse du pays et l’abandon de la métropole. Tout dernièrement, le major W. Wood, des troupes canadiennes, a condensé l’essentiel des documens recueillis par MM. Doughty et Parmelee, en un volume intitulé The Fight for Canada[1] ; cet officier insiste particulièrement sur la stratégie navale qui prépara la victoire de Wolfe.

Nos auteurs, qui rendent pleine justice à Montcalm, et par là même glorifient Wolfe, son heureux vainqueur, écrivent en anglais ; ils ont obtenu parmi les Canadiens anglais et français,

  1. Westminster, Arch. Constable, 1904, avec une carte.