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LES DERNIERS JOURS DU CANADA FRANÇAIS
Á PROPOS D’UN LIVRE RÉCENT

Dans la campagne suburbaine qui prolonge au nord la ville de Québec, parmi des édifices confortables et largement espacés, des bouquets d’arbres, des champs clôturés de palissades en bois, le long d’une voirie aux lignes perpendiculaires, que sillonnent des tramways électriques, le visiteur lettré du Canada ne peut manquer de faire la classique promenade dite des Champs de bataille ; si la bonne fortune lui échoit d’être guidé par un de ces érudits Canadiens pour lesquels c’est là comme le « tour du propriétaire, » il gardera le souvenir toujours vivant de ce pèlerinage à travers des souvenirs vieux aujourd’hui d’un siècle et demi : là en effet, dans la plaine d’Abraham, fut décidé en 1759 et 1760 le sort du Canada ; le traité de Paris, qui termina, en 1763, la guerre de Sept Ans consacra les faits accomplis, par l’abandon à l’Angleterre de ce qui avait été le Canada français.

Il faut rendre aux Canadiens cet hommage qu’ils aiment passionnément leur histoire, toute leur histoire :

O notre histoire, écrin de perles ignorées,
Je baise avec amour tes pages vénérées,

s’écrie le poète Louis Fréchette, dans le prologue de sa Légende d’un peuple. Sans doute, le plus dramatique des historiens du vieux Canada est un Boston nais, Parkman, dont les études embrassent le XVIIe siècle, et le XVIIIe jusqu’à la chute du Canada français ; mais, à part cette exception notable, c’est en Canada même