propagande qui gagna bientôt Homel, Minsk, Lodz. À la fin de 1897, était fondée l’Union des Ouvriers juifs de Pologne et de Lithuanie, connue sous le nom de Bound. Formé d’élémens qui, par la race, la langue spéciale (le jargon parlé par les juifs en Russie), l’éducation, la situation économique tendent à la plus étroite solidarité, le Bound a surpassé en peu de temps toutes les autres organisations. Il comptait, en 1904, 36.900 membres. Il possède des correspondans dans les grandes capitales de l’Europe ; ses ressources financières sont importantes. Ses imprimeries secrètes répandent des journaux et des brochures à un nombre considérable d’exemplaires.
Le Bound n’a rien de commun avec les associations cultuelles israélites formées dans tous les pays. Les six millions de juifs établis en Russie ne forment pas un seul bloc. Le Bound combat la haute société juive qui, en Russie comme ailleurs, est assimilée ou assimilable ; il fait une guerre acharnée au sionisme de la moyenne et de la petite bourgeoisie juive. Partant de cette conviction que l’antisémitisme des Slaves est indéracinable, les sionistes se considèrent en Russie comme des étrangers ; ils aspirent à fonder ailleurs un nouveau royaume de Palestine ; ils déclaraient donc se désintéresser de la politique et ne manifestaient point d’hostilité au gouvernement ; Les social-démocrates du Bound envahirent, en 1900, la synagogue d’Odessa au moment des prières pour le tsar et huèrent les assistans. Ils revendiquent les droits de citoyens russes et visent, comme les autres socialistes, à une république fondée sur le suffrage universel. Ils sont acquis à tous les genres d’action révolutionnaire. Cependant leur quatrième Congrès, en 1901, se prononçait pour l’éducation des masses contre l’action terroriste où quelques juifs, tels que Goldenberg qui se tua dans sa prison, après avoir dénoncé ses complices, Jessa Helfmann la régicide, se signalèrent jadis. Des juifs se rencontrent d’ailleurs dans toutes les organisations socialistes en qualité de principaux théoriciens ou de militans.
Le parti terroriste n’avait pour ainsi dire plus donné signe de vie de 1884 à 1894. À cette dernière date, quelques émissaires venus de Suisse et de Paris entreprirent de ressusciter la Narodnaïa