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autoritaire, conspué ou maudit par l’opposition, était abandonné par une portion notable de la majorité et que plus d’un des nouveaux venus se permettait de dire avec le Général de la Motte-Rouge, peu favorable cependant au parlementarisme, que « Rouher s’était usé par ses palinodies et que si l’Empereur ne le congédiait pas, il deviendrait l’homme fatal du règne. »

En réalité, les élections signifiaient à Paris : plus d’Empire, la République, mais la République radicale avec des hommes jeunes, nouveaux, non avec le résidu des politiques de 1848 ; en province : pas de République, l’Empire, mais transformé par la liberté et régi par des hommes nouveaux différens de ceux qui se succédaient sur la scène depuis 1851. Mon programme de progrès constitutionnel vaincu à Paris l’emportait partout ailleurs : le programme de piétinement indécis de Rouher était vaincu partout.

Persuadé par ce résultat que j’avais bien deviné la pensée du pays, délivré de l’angoisse qui m’avait tourmenté le soir de ma défaite à Paris, je me préparai avec une conviction affermie à écarter les derniers obstacles qui s’opposaient encore à l’établissement complet du régime constitutionnel. J’écrivis à mes électeurs du Var : « Au moment où Paris, Marseille et Lyon abandonnent la politique sage et loyale des Cinq, vous me donnez mandat de la continuer. J’accepte. »


EMILE OLLIVIER.