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et réverbères, déracinant les arbres, et ne s’arrêtant qu’au Château-d’Eau, où la police en nombre la dispersa, après avoir opéré quelques arrestations.


VII

Le rôle de la police avait été étrange toute cette soirée. Évidemment, le but du commissaire était le même que celui des bandes de Delescluze : m’empêcher de parler. Il avait eu recours d’abord au moyen radical, d’interdire l’accès de la salle, en la tenant close ; puis, la salle envahie, de s’opposer à ce que j’y pénètre moi-même, en essayant de m’effrayer ; puis, lorsque j’eus été accueilli sur la scène par les vociférations, de m’intimider ; enfin, lorsque j’eus réussi à imposer ma parole, de guetter le moment où il pourrait me l’enlever, et me faire la violence à laquelle l’assemblée paraissait avoir renoncé. Obéissait-il à des ordres donnés ? Était-ce la maladresse spontanée d’un homme affolé par l’imminence d’un danger connu de lui seul ? Je n’ai pas réussi à le pénétrer.

Le public, quoiqu’il ne soupçonnât pas l’inexpliqué de cette soirée révolutionnaire, en sentit la gravité. La sensation fut profonde. Louvet, spontanément, se désista à mon profit, et un certain nombre d’électeurs de la 7e circonscription, estimant qu’entre Rochefort et Jules Favre, ma situation serait meilleure que dans la 3e, m’offrirent une candidature que je refusai. Enfin, l’Empereur comprit, combien il était sot de traiter en ennemi l’homme auquel les Intransigeans n’adressaient qu’un reproche, celui de ne l’être pas, et il fit prier Lescuyer d’Attainville de se retirer dans le Var. C’était, d’ailleurs, nécessité plus que générosité. La candidature de d’Attainville, dès avant d’être retirée, était morte. Laurier l’avait tuée.

Égaré par les faux renseignemens des meneurs subalternes, ses patrons, ce candidat ne s’était pas rendu compte de la véritable disposition des esprits dans le Var. En 1851, l’insurrection y avait été terrible ; elle avait pris des otages dans toutes les communes, et sa défaite, suivie de représailles cruelles, avait laissé longtemps le pays divisé en vainqueurs et en vaincus se regardant avec horreur. On fit croire à Laurier qu’en évoquant ces souvenirs il soulèverait les populations. Sa profession de foi fut un appel à la haine : « Ma