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LES ÉLECTIONS DE 1869


I

La Session du Corps législatif de 1869 fut une veillée des armes. Tout était dit et fait en vue du combat électoral prochain. Le discours impérial traça le programme du gouvernement. On se demandait chaque jour, depuis le 19 janvier : « L’Empereur rétrogradera-t-il, ou avancera-t-il ? » À ces deux questions, le discours fut une réponse qu’on ne put pas accuser d’ambiguïté. « Je ne rétrograderai pas, mais je n’avancerai pas. » Il ne rétrogradera pas, parce que les lois nouvelles n’ont pas produit des effets de nature à le lui conseiller. Il n’avancera pas, non plus, parce qu’avancer ce serait accorder l’établissement du gouvernement constitutionnel en son entier, par la responsabilité ministérielle, et il ne veut pas y consentir. Il avait certainement peu de goût pour un système parlementaire quel qu’il fût. Cependant, vieilli, fatigué, désillusionné, il s’y serait probablement décidé si ses conseillers ne l’avaient imbu de l’idée, d’ailleurs juste, que la responsabilité ministérielle ne pouvait être établie que par un plébiscite. À cette époque, un plébiscite lui paraissait une telle impossibilité qu’il n’en examinait même pas l’idée.

De son côté, l’Opposition fit un inventaire complet de toutes les questions qui s’agitaient depuis 1863 et sur lesquelles le suffrage universel allait se prononcer. La situation des ministres était très