Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 33.djvu/555

Cette page a été validée par deux contributeurs.

relles de la vie humaine. Toutefois l’organisme humain a un merveilleux pouvoir de réaction contre les conditions climatiques, surtout s’il est aidé dans sa défense contre la déperdition de chaleur par des vêtemens. Se vêtir répond ainsi pour les populations de beaucoup de régions de la terre à un besoin vital, et non seulement dans la zone d’extrême froid, mais aussi dans ces zones sèches des grands espaces désertiques où l’homme se préserve par des vêtemens et de l’excès de chaleur et du rayonnement nocturne et de l’évaporation ; mais il va sans dire que sur la terre les endroits ne manquent pas où l’homme peut vivre sans se vêtir, notamment dans les zones chaudes et humides. Le besoin de se couvrir est loin d’avoir la même généralité et d’exercer sur l’homme la même domination que le besoin de se nourrir et le besoin de dormir. Mais géographiquement parlant ce besoin a encore une grande valeur, car l’homme se couvre presque partout de quelques produits animaux ou végétaux, plumes, poils, cuir, feuilles ou écorces, et par là encore il dépend en une certaine mesure du cadre naturel.

Nourriture, habitation, vêtement, tels sont les trois fondemens essentiels de toute la géographie dite économique ; en tant qu’ils représentent la satisfaction plus ou moins spontanée des besoins premiers, ils constituent une première série, ou, si l’on veut, comme on dit en Allemagne, un premier « étage » de la géographie humaine. Or ces faits humains ne nous intéressent pas seulement par toute l’activité qu’ils déterminent, ils nous intéressent d’abord en eux-mêmes. Et dès ces premières considérations, nous devons essayer de discerner quels sont ceux dont l’intérêt l’emporte au point de vue géographique.

Ceux des faits énumérés qui sont le moins dépendans du cadre géographique sont à coup sûr les vêtemens. Les vêtemens ne doivent pas être tous les jours renouvelés comme la nourriture : une fois confectionnés, ils durent. De plus les vêtemens sont par définition mobiles et transportables : ils ne sont pas fixés en un point du sol comme l’habitation. Échappant à la double servitude du renouvellement et de la fixité, ils échappent dans une certaine mesure à l’étroite tyrannie des conditions naturelles immédiates.

L’alimentation doit être sans cesse renouvelée, et les alimens sont comme des liens matériels qui doivent s’établir à heures fixes