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d’entraînement sera insuffisante, à s’étaler en « cônes de déjection » ou en deltas. Que l’homme existe ou qu’il n’existe pas, les glaciers en marche raboteront les aspérités de leur lit, le vent aidé des grains de sable attaquera et sculptera les rochers des espaces désertiques, les vagues de la mer entraîneront l’écroulement des falaises, et tout relief émergé ou immergé révélera par sa physionomie les actions qu’il aura subies. — Telles sont ces premières catégories de faits, qui constituent l’essence et le fondement de toute géographie physique.

Une part considérable de la vie végétale et animale échappe également à l’influence de l’homme ; il y aurait sur la terre une couverture végétale et un peuplement animal, même si l’homme n’existait pas. Et cette part — toute « naturelle » — de la géographie biologique, — végétale et animale, — peut être encore rattachée à la géographie physique, entendue en son sens le plus général[1].

Mais si l’on jette un coup d’œil d’ensemble sur la terre, on aperçoit toute une série nouvelle et très riche de phénomènes de surface : ici ce sont des villes et là ce sont des voies ferrées ; ici ce sont des cultures et là ce sont des carrières ; ici ce sont des canaux ou des bassins d’irrigation et là ce sont des marais salans ; ici et là, par-dessus tout, ce sont des masses ou des groupes plus ou moins denses d’êtres humains. Ces êtres humains, en eux-mêmes et par eux-mêmes, sont des faits de surface et partant des faits géographiques. Ils vivent sur la terre. Ils sont soumis aux conditions atmosphériques et terrestres. Ils appartiennent à certains climats, à certaines altitudes, à certaines zones. En outre ils vivent de la terre : c’est en se subordonnant eux-mêmes aux faits naturels qu’ils assurent à leur corps l’entretien indispensable et à leurs facultés le développement et l’épanouissement.

  1. L’excellente Bibliographie géographique annuelle que publient les Annales de Géographie (Paris, Armand Colin) sous la direction de Louis Raveneau, groupe ainsi la Météorologie, la Géologie, l’Orographie, l’Hydrographie et la Géographie botanique et zoologique sous le titre général de « Géographie naturelle : » c’est l’équivalent de ce qui est ici nommé « Géographie physique. » — De même le Physikalischer Atlas de Berghaus (Gotha, Justus Perthes) comprend, entre autres, deux fascicules dont l’un est intitulé : Pflanzenverbreitung et l’autre : Tierverbreitung ; ces deux fascicules d’un Atlas spécial de géographie physique sont consacrés, comme le nom l’indique, à la distribution géographique des plantes et des animaux.