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l’influence première de Ratzel que se rattachent aussi en majeure partie les travaux de « géographie humaine » qui, depuis huit ou dix ans, se sont multipliés en France. Ce mot de « géographie humaine, » qui a maintenant conquis droit de cité dans les recueils les plus authentiques de la science géographique, étonne, intrigue et parfois déconcerte le grand public. Nous voudrions très simplement : indiquer l’objet, — légitimer les droits, — et fixer les limites de cette branche nouvelle de la géographie.


I


Une double zone constitue le domaine propre des études géographiques : la zone inférieure de l’enveloppe atmosphérique de notre terre, et la zone superficielle de l’écorce solide. En tous les points où ces deux zones concentriques entrent en contact, se produisent et se rencontrent trois groupes de phénomènes primordiaux.

La chaleur solaire est, sur notre terre, le grand principe de toute activité et de toute vie ; or elle accumule ses principaux effets là où voisinent l’atmosphère et la croûte terrestre. C’est aux couches inférieures de l’atmosphère (et parce qu’elles sont le plus souvent chargées de vapeur d’eau), et c’est encore davantage à l’« épiderme » superficiel du globe que se communique presque exclusivement la chaleur solaire. La plus grande part de cette chaleur ne pénètre d’ailleurs que de quelques mètres dans le sol et elle ne s’y attarde jamais que quelques heures ; elle passe du sol à l’atmosphère ; somme toute, et pour ainsi dire, elle vient rebondir sur la surface ou solide ou liquide de notre planète pour atteindre ensuite par cet intermédiaire les masses inférieures de l’atmosphère. Grâce à ce mécanisme, le soleil, si lointain, échauffe l’air par en bas, et tout près de nous : la « surface de chauffe » de notre atmosphère est notre propre surface terrestre. Aussi bien, c’est encore au point de contact de l’atmosphère et de l’écorce terrestre que les agens atmosphériques, températures, pluies et vents, et surtout les faits géographiques qui résultent des faits atmosphériques, eaux courantes et glaciers, travaillent incessamment à détruire, à ruiner le relief émergé et à combler les fonds