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UNE GÉOGRAPHIE NOUVELLE

LA GÉOGRAPHIE HUMAINE


En 1882, Ratzel publiait le premier volume de son Anthropo-Geographie[1]. Certes il n’était pas le véritable inaugurateur de cette manière d’envisager et d’analyser les faits humains. Dans les écrits des plus grands historiens et philosophes grecs, on découvre déjà d’ingénieuses et justes réflexions, qui, malgré leur caractère très fragmentaire et sporadique, permettraient d’invoquer la vieille autorité d’Hérodote et de Thucydide, d’Hippocrate et d’Aristote en faveur de cette géographie toute jeune. Ratzel suivait surtout la tradition et développait avec plus d’ampleur et de précision les aperçus éloquens du célèbre géographe allemand, Karl Ritter ; il s’inspirait encore d’ouvrages excellens d’auteurs moins connus, G. B. Mendelssohn et J. G. Kohl. Mais, en créant un mot qui servît d’étiquette aux études nouvelles, il a contribué plus que personne à la rare fortune de cet ordre de recherches. Et c’est à

  1. Friedrich Ratzel, qui est mort le 9 août 1904 professeur à l’Université de Leipzig, est surtout connu comme auteur de l’Anthropo-Geographie ; le tome I, paru en 1882 à Stuttgart chez Engelhorn, portait ce titre écrit en deux mots ; en tête du tome II (1891) ainsi que dans la nouvelle édition, très remaniée, du tome I (1899), le titre n’est plus qu’en un seul mot : Anthropogeographie, et c’est sous cette dernière forme que l’expression est aujourd’hui écrite en Allemagne. Les sous-titres primitifs de l’ouvrage de Ratzel méritent aussi d’être rappelés : I. Fondemens de l’application de la géographie à l’histoire ; II. La distribution géographique de l’homme.