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Turkmènes et la prise de Merv, de 1879 à 1884, achevèrent la conquête du Turkestan. Ce jour-là, la question de la frontière russo-afghane fut posée, et ce jour-là aussi la rivalité anglo-russe entra dans sa phase aiguë. On se souvient de l’émotion européenne qui suivit la défaite des Afghans, le 30 mars 1885, par le général Komaroff. L’armée britannique était mobilisée ; tout le monde croyait à la guerre. On l’évita cependant, grâce à un accord du 10 septembre 1885. Depuis lors, et de ce côté encore, les relations se sont améliorées.

Aujourd’hui la lutte d’influence entre la Russie et l’Angleterre à la Cour de Caboul paraît être close au bénéfice de l’Angleterre qui pensionne l’émir, s’est substituée à lui dans la direction des affaires extérieures, a un agent indigène résidant à Caboul et s’est fait céder une partie notable de l’Afghanistan, de manière à permettre à l’empire anglo-indien d’atteindre ce qu’on est convenu d’appeler la frontière scientifique de l’Inde. L’Afghanistan est devenu un des élémens — le principal — de la défense de la péninsule. C’est le cas d’exposer quelle est l’importance militaire de l’Afghanistan en cas d’invasion de l’Inde ; quel rôle il a joué dans le passé à ce point de vue ; à la suite de quelles circonstances le gouvernement britannique, qui l’avait d’abord ignoré, fut amené à reconnaître sa valeur stratégique ; et, depuis lors, quels efforts il a imposés à son armée, quelle politique il a demandée à sa diplomatie pour asseoir l’influence anglaise à Caboul ; enfin quelle est la signification et quelle est la portée du récent traité anglo-afghan, et quelle est, pour les intérêts généraux de la civilisation, la meilleure politique qui puisse présider aux relations anglo-russes en Asie Centrale.


I

Les projets de Napoléon sur l’Inde et les premiers rapports des Anglais avec l’Afghanistan.

Les premières relations de l’Angleterre avec l’Afghanistan ne remontent pas au-delà du commencement du XIXe siècle. Avant cette époque, ce pays n’avait offert aucun intérêt aux Anglais. Occupée à asseoir et à consolider sa domination dans le Bengale et la presqu’île du Dekkan, la Compagnie des Indes