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libre, courageux, et ferme à proportion du besoin de l’Église et de l’État[1]. »

Sans avoir la prétention, du moins à l’en croire, de gouverner le Duc de Bourgogne, Fénelon ne devait pas s’en tenir à ces conseils excellens, mais indirects. Il allait bientôt, de concert avec Chevreuse, dresser tout un plan de réformes et tout un programme de gouvernement, destina à être soumis par avance au futur héritier du trône, et que tous deux espéraient bien lui voir mettre en pratique, le jour où sa naissance l’appellerait à y monter. Ainsi, comme nous l’avons vu tout à l’heure, Saint-Simon d’un côté, et Fénelon de l’autre, allaient travailler à façonner l’esprit du jeune prince et à le plier à leurs propres idées. Avant de rechercher dans quelle mesure ils y réussirent, et de démêler la part qui leur revient dans les projets assez vagues qu’on peut prêter au Duc de Bourgogne, nous avons à montrer quel effet immédiat produisit sur lui ce changement si brusque d’une situation un peu humiliée et contrainte à un rang dont l’éclat équivalait presque au premier, et sous quel jour nouveau, à la suite de ce changement, il apparut aux yeux étonnés de la Cour.


HAUSSONVILLE.

  1. Œuvres complètes de Fénelon. Édition de Saint-Sulpice, t. VII, p. 348.