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ANTICLÉRICALISME
ET
CATHOLICISME

« Il n’y a pas d’année où, soit en livres, soit en notes pour moi-même, je n’aie écrit la matière de trois ou quatre volumes de critique. » M. Emile Faguet, — car ces lignes sont de lui, — ne se vante point. Je suis convaincu que s’il recueillait tout ce qu’a produit sa verve intarissable, il n’aurait pas loin de cent cinquante volumes à son actif. Hâtons-nous, avant qu’il en écrive un autre, de lire le livre que le fécond écrivain vient de publier sur la question religieuse[1].


I

Il est fort intéressant, ce livre, et, comme tous ses aînés, il est suggestif, et il est vivant. Il provoque à la réflexion, et même à la discussion. C’est évidemment ce que veut l’auteur. M. Faguet est un étonnant excitateur d’idées ; la paresse intellectuelle lui est insupportable ; et je le soupçonne même, çà et là, de faire quelques sacrifices au paradoxe uniquement parce qu’il craint que son lecteur ne s’habitue trop vite à lui donner toujours raison. Renan disait qu’il ne pourrait avouer comme disciples que ceux qui le contrediraient ; et cette boutade, si elle n’est pas une moquerie à notre adresse, prouve simplement que Renan ne se connaissait guère lui-même. On a l’impression, en lisant M. Faguet,

  1. L’Anticléricalisme, par M. Emile Faguet, de l’Académie française ; 1 vol. in 16. Paris, Société française d’imprimerie et de librairie.