Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/810

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

refuse d’en examiner les résultats tous concordons ; sa lettre du 30 octobre 1905 répète celle du 28 septembre 1903 ; en deux ans la question n’a pas l’ait un pas. Jamais l’entêtement des incompétences administratives ne s’est enveloppé plus hors de propos d’une phraséologie plus prétentieuse.

On le voit, la question du recrutement reste à résoudre en Cochinchine ; mais la solution est prête ; il ne manque que la volonté pour l’appliquer.

À un point de vue plus général, il convient d’élargir la base de notre recrutement et d’utiliser les qualités guerrières des races qui peuplent le Haut-Tonkin, l’Annam et le Laos : les Thos, Nungs, Mans et Meos, d’une part, les Mois et les Khas d’autre part doivent nous fournir d’excellens contingens qui nous permettent de défendre nos frontières terrestres, par des troupes mobiles se recrutant dans la région et encadrant des réservistes et des troupes de partisans. Nous avons indiqué plus haut la nécessité de rétablir les bataillons de chasseurs de frontière créés en 1903 et supprimés en 1905, et de créer un bataillon de tirailleurs laotiens en face des troupes régulières du Siam.


Au début de notre occupation, nos troupes indigènes de nouvelle création reçurent, une solde et touchèrent des vivres en nature, comme toutes les troupes du monde. Puis, la pacification se faisant, on s’aperçut que, dans un pays riche, il était très avantageux pour l’État de remplacer les vivres par une indemnité en argent : c’était supprimer de nombreux magasins, des frais de transport, et tout un personnel de manutention. Cette indemnité se confondit bientôt avec la solde qui fut payée avec la monnaie d’argent du pays, la piastre. La piastre valait alors 5 francs.

Mais comme le cours de l’argent allait sans cesse en s’avilissant, la piastre tomba de 5 francs jusqu’à 1 fr. 94 ; elle oscille maintenant entre 2 francs et 2 fr. 40. Afin de pouvoir établir le budget et de payer aux indigènes la même solde, nous-avons été amenés à donner à la piastre un taux fictif que nous avons maintenu très supérieur au taux réel, et que nous l’avons fixé à 3 francs. La baisse continue de la piastre nous amenant à donner pour 3 francs une monnaie qui n’en valait que deux, c’était une diminution d’un tiers dans la solde déjà très modique de nos soldats et agens indigènes ; les représentations des autorités obtinrent que le taux officiel fût fixé à 2 fr. 50, et nos