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forcement des passes : torpilles, barrages, etc., et cette défense inerte sera facilement éventée et annihilée si elle n’est protégée par le fou : d’où la nécessité de canonnières de rivières, qui concourent à la défense fluviale.

Il reste beaucoup à faire, tant pour la défense mobile que pour la défense fixe ; le plan même n’en est pas arrêté. Mais l’exécution des décrets du 3 novembre 1905 vient de permettre d’organiser le commandement de la Marine en Indo-Chine. Un contre-amiral exerce son autorité sur tout le personnel et le matériel appartenant au département de la marine en service dans la colonie ; il relève du gouverneur général pour tout ce qui concerne la défense de la colonie ou sa préparation. En même temps, la défense mobile de Saigon a été renforcée ; elle comprend maintenant 2 contre-torpilleurs, 12 torpilleurs de haute mer, 8 torpilleurs vedettes pour les rivières, 4 sous-marins. La défense mobile de Hongay a été créée, comprenant 1 contre-torpilleur et 6 torpilleurs de haute mer ; malheureusement elle ne comprend pas encore de sous-marins, mais on peut espérer que cette lacune regrettable sera prochainement comblée par l’envoi de submersibles du dernier modèle.

Il reste à pourvoir aux insuffisances d’effectifs des unités qui composent la défense fluviale, et au remplacement de certaines vieilles canonnières absolument sans valeur au point de vue militaire, dont les coûteuses réparations absorbent inutilement des crédits ; il reste aussi à déterminer le plan de notre défense mobile, à faire choix des refuges qui lui sont nécessaires, et à en étudier l’installation.


L’organisation de la défense terrestre est compliquée par ce fait que les deux régions riches et peuplées, la Cochinchine et le Tonkin, celles qu’il faut préserver de l’invasion, sont à 1 200 kilomètres l’une de l’autre, et forment deux deltas séparés par la région montagneuse de l’Annam. Nous avons donc à envisager deux théâtres d’opérations très distincts, qui ne peuvent se prêter un mutuel appui, et qui doivent être défendus indépendamment l’un de l’autre.

En Cochinchine, le réduit de la défense est formé par le point d’appui Saïgon-cap Saint-Jacques. Il n’y a jamais eu d’hésitation sur ce choix.

Il importe donc de pousser très activement les défenses de