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qu’aidant certainement à la prospérité générale, n’apparaît qu’aux populations riveraines. Quand les embranchemens se seront développés et que le réseau ferré sera complété par un réseau routier qui fait encore défaut, l’effet utile des chemins de fer sera complet et visible à tous. Actuellement leur établissement n’a sur nos administrés qu’une action restreinte. Les travaux d’hydraulique agricole, — digues contre les inondations et canaux d’irrigation, — sont de la plus haute importance dans un pays où la culture presque unique est le riz. Nous n’avons vraiment pas assez fait à cet égard.

La question des impôts a été bien souvent controversée. On a affirmé que nous demandions à l’indigène plus qu’il ne peut donner et que notre fiscalité tracassière atteignait les dernières limites de l’oppression. Le parti pris de telles affirmations est évident et ne supporte pas un examen rapide et une comparaison avec le rendement des colonies voisines : Philippines, Indes anglaises et néerlandaises. Évidemment, le budget général de l’Indo-Chine a, dès son établissement, donné des recettes inespérées qui ont permis à la colonie de payer toutes ses dépenses civiles et 14 millions de dépenses militaires tout en gageant un emprunt de 200 millions nécessité par son outillage économique. Mais ces magnifiques résultats, qui sont l’œuvre de M. Doumer, ont été obtenus d’abord par une meilleure répartition des charges, puis par les douanes et par l’établissement d’impôts indirects qui frappent surtout les produits de luxe tels que l’opium et l’alcool. Sans doute, l’établissement de ces taxes n’a pas été populaire : mais quel est le nouvel impôt qui est populaire ? Le retour des Bourbons en 1814 et 1815 fut salué du cri universel : « À bas les Droits réunis ! » et leurs partisans avaient obtenu des princes la promesse d’abolir un système odieux qui sous le Consulat avait rétabli la régie générale de Necker, dernier vestige de l’ancienne ferme générale. Le gouvernement de la Restauration s’empressa donc de changer lui aussi l’étiquette du système, l’appela Contributions indirectes, maintint les monopoles et aggrava tous les tarifs ; les gouvernemens qui suivirent ont continué, si bien que cet impôt est maintenant le plus producteur de tous et celui qui se paye le plus facilement. Et tous les pays civilisés ont suivi la France dans cette voie.

Un faible impôt sur le sel a été également établi, il est vrai ; mais ceux qui le critiquent négligent de nous dire qu’il existe