hiérarchie de l’Église américaine s’est établie spontanément, avec la haute sanction du Souverain Pontife, selon les meilleures traditions. des premiers siècles du christianisme[1]. » C’est donc vers les États-Unis que les Églises, officiellement séparées de l’État, doivent porter leurs regards.
Je n’insiste pas sur les libertés communales et provinciales que Le Play ne cessait de signaler comme les assises de tout État prospère. N’est-ce pas dans la cité comprise, aimée et servie comme elle mérite de l’être, que se développe le yrai patriotisme ? Envisagée ainsi, la patrie se comprend, sans qu’il soit besoin de la définir, car la vie locale est un prolongement de la vie familiale et la maison « commune » est une extension du foyer. On voit que la vie privée imprime son caractère à la vie publique et que la famille est le principe de l’État. Le Play avait trop voyagé pour ne pas admirer chez les nations rivales ce qui méritait de l’être et pour ne pas rendre justice aux qualités de nos émules. L’amour de la patrie s’alliait chez lui au respect de l’étranger. En toute circonstance, il fut le défenseur du droit des gens, de l’arbitrage et des petites nations[2]. Il écrivait avant la guerre de 1870 : « Les notions fondamentales de la justice sont ouvertement violées, dans les rapports mutuels des États, sans que l’opinion s’indigne. Les principes éternels sont remplacés dans les cœurs par des règles vagues qui varient selon les passions du moment. Dans cette situation d’esprit, on transgresse sans pudeur le droit des gens, c’est-à-dire les coutumes dans lesquelles les nations civilisées avaient résumé, en des temps meilleurs, l’application du Décalogue. Déjà l’empire de la force domine tellement l’esprit de justice, que les grandes nations semblent perdre l’espoir de remédier au mal par des congrès : et la paix armée de notre époque est devenue aussi funeste aux peuples que l’étaient autrefois les guerres prolongées[3]. » Ne semble-t-il pas que tout cela soit écrit à l’occasion de la guerre du Transvaal ou de la conférence d’Algésiras ?
Telles sont, entre autres conclusions, celles qui méritent d’être particulièrement signalées. Quand on félicitait Le Play de ses travaux, il répondait modestement qu’il n’avait rien « inventé, » que la science des sociétés, telle qu’il la comprenait,