En signalant, il y a quelques mois, la publication d’une nomenclature générale, assez superficielle et incomplète d’ailleurs, de tous les romans historiques, écrits dans les différens pays du monde, depuis l’origine du genre[1], M. Firmin Roz faisait observer que les neuf dixièmes de ces romans étaient anglais, le reste de la littérature européenne n’en fournissant guère qu’un dixième. Cette prédominance, qui s’affirma au XIXe siècle et qui ne fait que grandir, doit être attribuée, presque autant qu’à l’Angleterre proprement dite, aux États-Unis d’Amérique. Vers la même époque, chacun des deux pays eut son romancier national suivi par de trop nombreux imitateurs ; Walter Scott précéda de bien peu Fenimore Cooper ; la distance est même si courte qu’on ne peut soupçonner celui-ci d’avoir imité celui-là ; au reste, ils ne se ressemblent guère. La supériorité du puissant évocateur d’un grand passé historique sur le peintre de l’Amérique primitive aux sujets très limités est trop évidente pour qu’on y insiste. Cooper a le désavantage en outre d’un style lourd et négligé, tandis que celui de Walter Scott n’est que simple et sans artifices ; les caractères dont s’inspira l’auteur de
- ↑ Une bibliographie du roman historique, par Jonathan Nield. Voyez la Revue du 1er juillet 1904.