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Ceint naguère du myrte élégiaque, et tel
Que l’eût divinisé quelque mythe immortel,
Ton front sent le cyprès croître où germaient les roses,
Et grandir l’infini des silences moroses
Où s’épanouissaient les gloires du printemps.
Hélas ! les molles fleurs, les oiseaux inconstans
N’exhalent plus pour toi leurs chansons ou leurs baumes,
Fantôme désormais au séjour des fantômes,
Aveugle à nos douleurs et sourde à nos sanglots,
Tu dors dans le sépulcre éternellement clos.
Et je dis que la moindre ivresse est un mensonge
La plus pâle lumière un mirage, et je songe
Que ta chair dans la terre informe se dissout,
Qu’en vain, désespéré, je te cherche partout,
Et que j’évoque en vain ta petite ombre amie
Si frêle dans sa grâce et dans son eurythmie.
Oh ! vers le champ fatal, vers le lieu décevant,
Triste tu me verras, vierge, requis souvent,
Comme le pèlerin qu’attire une relique,
Par la douceur de ton destin mélancolique.


INSCRIPTION FUNÉRAIRE


Lorsque je pense à toi, tu me parais moins morte,
Une lueur atteint le sépulcre où tu gis,
Et la fidélité d’un cœur tendre t’apporte
Des rayons vaguement surgis.

Enfant, lorsque je pense à toi, la moindre chose
De notre destinée heureuse d’autrefois,
Illuminant ta nuit qui se métamorphose,
La dore de fervens émois.

C’est une vision d’extase, mais si brève
Qu’elle s’évanouit comme un spectre léger,
Et que les vaporeux reflets d’un ancien rêve
Dans ta fosse, semblent neiger.