Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/598

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voitures à deux chevaux et à 14 places, plus rapides, et unifié le tarif à 25 centimes, ils réussirent à lui rendre une certaine prospérité. Le succès fut définitivement assuré dès que, par ordonnance du 2 janvier 1830, le Préfet de police les autorisa à élever à 30 centimes le prix des places. Mais son succès suscita immédiatement des concurrens à la nouvelle Compagnie des Omnibus, simplement autorisée et n’ayant ni monopole ni privilège. Dès la fin de 1830, vingt et une entreprises s’étaient constituées à côté de cette Compagnie, desservant avec elle 36 lignes, généralement assez courtes, au moyen de 390 voitures.

Ce régime de liberté avait, à côté de certains avantages, de réels inconvéniens. Il amena plusieurs entreprises à se réunir pour limiter la concurrence dont le public bénéficiait et, en 1850, le nombre des sociétés n’était plus que de treize ; il était réduit à dix en 1854, sans que ces fusions eussent abouti à assurer un bon service dans tout l’ancien Paris. Les entreprises recherchaient naturellement la clientèle sans se soucier d’encombrer les mêmes voies ; si elles se faisaient une active concurrence dans le centre, où les itinéraires abusaient des détours, elles négligeaient beaucoup les quartiers excentriques et presque totalement les faubourgs.

L’Empire, plus autoritaire, obligea toutes les sociétés d’Omnibus à fusionner avec la Compagnie des Omnibus. La nouvelle concession, créant alors un privilège, par le droit exclusif de faire circuler les voitures en les laissant stationner sur la voie publique, donna naissance à la Compagnie générale des Omnibus par le décret du 5 août 1854. Le prix des places d’intérieur était maintenu à 30 centimes ; mais on créa « l’impériale » c’est-à-dire 12 places sur la voiture, à mi-tarif, mais sans droit à la correspondance.

L’annexion à Paris, en 1860, des communes comprises dans le mur d’enceinte fit remanier ce système. Haussmann établit un nouveau contrat qui fut signé le 18 juin 1860. En retour de certaines obligations, notamment d’un partage éventuel de bénéfices avec la Ville, la concession de la Compagnie des Omnibus était prorogée jusqu’au 31 mai 1910. Telle fut l’origine des lignes d’omnibus actuelles.

Celle des lignes de tramways est plus simple ; elle remonte à un décret du 28 février 1854 accordant à M. Loubat la concession de voies ferrées destinées à la circulation d’un chemin de