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1900, l’affluence vers l’Exposition rendit insensible pour eux l’effet du Métropolitain ; mais à présent le trafic s’en ressent et il a certainement été considérablement enrayé, bien qu’il se soit encore élevé, en 1904, à une vingtaine de millions de voyageurs, tant dans la traversée de Paris que dans la direction de Suresnes ou de Charenton.

Ayant jeté cette vue d’ensemble sur les divers moyens de transport dont les Parisiens disposent, examinons de quelle façon on les a successivement établis et transformés.

Ce n’est que depuis 1830 qu’une véritable organisation des moyens de transport en commun existe à Paris. Les précédentes tentatives d’établissement, de lignes régulières de voitures publiques à itinéraires fixes furent toutes éphémères ; la plupart ruinèrent leurs entrepreneurs. En 1662, avec les carrosses à cinq sols où ne pouvaient accéder ni « soldats, pages, lacquais et autres gens de livrée » ou même « ni manœuvres et gens de bras, » la clientèle, réduite à la petite bourgeoisie, se trouva insuffisante pour alimenter l’entreprise. Il en fut de même des tentatives suivantes jusqu’à la Restauration. L’essai de 1819, qui se poursuivit avec des interruptions parfois assez longues, jusqu’en 1828, date à laquelle une ordonnance de police autorisa MM. de Saint-Céran, Baudry et Boitard à créer les premières lignes d’omnibus, aboutit aussi à une déconfiture qui fit se suicider Baudry, l’infortuné promoteur de l’entreprise.

Cette ordonnance du 30 janvier 1828 autorisait la création, dans l’intérieur de Paris, de 18 lignes de voitures publiques à destination fixe, desservies par des Omnibus au nombre maximum de cent, suivant un itinéraire déterminé et échangeant en correspondance leurs voyageurs aux points de croisement. Les voitures, à quatre roues et à deux ou trois chevaux de front, transportaient de 12 à 20 voyageurs, tous à l’intérieur. Elles affectaient la forme des diligences, avec leurs trois compartimens : coupé, intérieur et rotonde, — origine des trois classes de nos chemins de fer, — et le prix de la place était, suivant la classe, de vingt, vingt-cinq ou trente centimes. Le public adopta assez bien le nouveau mode de transport ; mais l’absence de contrôle des recettes mit l’entreprise en déficit ; sa ruine eut pour conséquence la mort de l’instigateur. A la suite de ce tragique événement, MM. Fouillant et Moreau-Chaslon s’en rendirent acquéreurs. Après avoir remplacé l’ancien matériel par des