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il suffit d’observer les changemens apportés dans les habitudes des Parisiens, dans leur allure générale, par la récente mise en service des premières lignes du réseau métropolitain. Le train électrique du métropolitain n’attend pas ; il faut en sortir vite ou s’y précipiter. Jeunes ou vieux, nous autres Parisiens avons aisément pris ces habitudes. Tous, à de bien rares exceptions près, nous sommes atteints maintenant de cette hantise d’être transportés à toute vitesse, même alors que nous n’avons rien de pressant à accomplir, surtout, — comme c’est le cas de tant de gens impatiens d’arriver, — quand nous sommes sortis par flânerie, sans but, et que nous n’allons précisément nulle part.

Ceci explique pourquoi, parmi les besoins matériels des grandes foules urbaines, l’un des plus difficiles à satisfaire avec les seuls moyens usités autrefois est le transport en commun, rapide et à bas prix, de centaines de millions de voyageurs, entendant parcourir sans attente non seulement l’étendue démesurée des cités d’à présent, mais encore leurs actifs faubourgs ou leur paresseuse banlieue.

Les entrepreneurs ou les autorités locales ont dû remanier, réorganiser et pour ainsi dire recréer les moyens de transport en commun dans toutes les villes d’une réelle importance. L’électricité a été appelée à rénover les vieilles méthodes et a donné de merveilleux résultats. C’est l’esquisse des plus intéressantes de ces transformations que nous allons essayer de tracer.


I. — LONDRES

Nous nous formons souvent une idée inexacte de l’importance des capitales entre lesquelles nous établissons des comparaisons. Quand il s’agit d’évaluer les populations à desservir par l’ensemble des moyens de transport en commun, il est indispensable de préciser. Nous constaterons donc tout d’abord que les autorités chargées du recensement des agglomérations formant la métropole britannique distinguent trois Londres. Leur première délimitation, celle du comté administratif, mesure 304 kilomètres carrés, c’est la ville proprement dite avec 4 540 000 habitans ; la seconde délimitation est celle du « greater London » avec 1 798 kilomètres carrés et environ 6 600 000 habitans ; enfin la troisième délimitation, celle du ressort de la cour centrale criminelle, qui ne régit que 1 090 kilomètres carrés, comptait,