Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/522

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mirabeau est maintenant plus convaincu que personne en France de la nécessité pour une assemblée de se donner un bon règlement ; il en a une conviction tout anglaise, et qui se fonde sur la meilleure des raisons. Il a peut-être déjà entre les mains, en tout cas il sait qu’on prépare à son usage la compilation, d’ailleurs sommaire, qu’il va lui-même publier sous ce titre : Règlemens observés dans la Chambre des communes pour débattre les matières et pour voter, traduit de l’anglais, mis au jour par le comte de Mirabeau, 1789. La préface, qui porte sa griffe, est d’une impérieuse brièveté, — imperatoria brevitas : — la voici, d’après le texte de l’édition originale, devenue extrêmement rare dès 1816, quand Dumont la réimprima à la suite du traité de Bentham, mais qui se trouve à la bibliothèque de la Chambre des députés, dans la collection Portier (de l’Oise)[1].


J’ai cru qu’il seroit utile, dans la situation présente des affaires nationales, de connoître le règlement qu’observe la Chambre des communes d’Angleterre pour débattre les questions politiques et pour voter.

Un peuple depuis si longtemps occupé d’affaires publiques dans de grandes assemblées doit nécessairement s’être approché de bien près du mieux possible, du moins quant aux formes indispensables, pour préserver les débats de toute confusion, et le résultat des opinions de toute incertitude.

Aucun ouvrage anglois n’a fait connoître exactement ces formes : le compte qu’on en va rendre n’est pas complet, mais tout ce qu’il contient est authentique.

Je dois ce travail, entrepris uniquement pour la France, à un Anglois qui, jeune encore, a mérité une haute réputation, et que ceux dont il est particulièrement connu regardent comme une des espérances de son pays. C’est un de ces Philosophes respectables, dont le civisme ne se borne point à la Grande-Bretagne. Citoyens du monde, ils désirent sincèrement que les Français soient aussi libres, et non moins généreux qu’eux-mêmes. « Leur

  1. Bibliothèque de la Chambre des députés, Révolution française, 342-343. Personnages, Mirabeau, 39. Br 164.