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social, on nous accordât quatre parts en plus de celle qui était attribuée à chaque nation. M. de Radowitz a finalement consenti à nous en accorder deux, et M. Révoil a déclaré tout de suite que, par esprit de conciliation, il consentirait à son tour une réduction sur nos premières demandes : il voudrait toutefois ne renoncer qu’à une part. La question de la Banque, quelque importante qu’elle soit, a un caractère trop technique pour que nous en exposions ici les détails : il n’en est pas de même de celle de la police. On connaît notre thèse, qui est aussi celle de l’Espagne, et que M. de Bacheracht, le second plénipotentiaire russe, s’est appropriée. Nous ne demandons pas un mandat européen, et il faut dissiper sur ce point les confusions que la presse entretient quelquefois. C’est le Sultan qui, dans la plénitude de sa souveraineté, reste chargé de la police ; mais, l’expérience ayant surabondamment prouvé qu’il était incapable de la faire à lui seul, l’opinion a été unanime à reconnaître qu’il convenait de mettre à sa disposition quelques élémens étrangers, c’est-à-dire des officiers et des sous-officiers européens. Lesquels et dans quel nombre ? Le second plénipotentiaire russe a merveilleusement expliqué que la France et l’Espagne seules, à cause de leur proximité du Maroc, étaient en mesure de fournir rapidement au Sultan des instructeurs musulmans, et M. Révoil a ajouté que 16 officiers et 32 sous-officiers, répartis entre huit ports de mer, suffiraient à la tâche. On ne pouvait plus nous soupçonner de vouloir conquérir le Maroc avec de pareilles forces. La délégation allemande paraissait fort peu disposée au début à se rallier à ces propositions : cependant elle l’a fait en principe et cette concession doit, en bonne justice, lui être comptée comme très sérieuse. Mais elle a demandé qu’il fût fait également état d’une proposition autrichienne qui, dans sa pensée, pouvait s’adapter à la nôtre sans en fausser l’économie. Est-ce tout à fait exact ? La proposition autrichienne consiste en ceci : la police serait organisée dans sept ports de mer au moyen d’officiers français et espagnols, mais dans le huitième, celui de Casablanca, elle le serait par un officier supérieur en grade qui aurait le titre d’inspecteur général et qui remplirait effectivement les fonctions qui y correspondent. Cet officier serait suisse, ou hollandais : il appartiendrait, en tout cas, à une petite puissance neutre. Nous n’avons aucune objection à faire contre la création d’un inspecteur général de la police ; mais pourquoi distraire un port de mer du droit commun marocain, pour en faire sa résidence et son champ personnel d’opération ? Croit-on le grandir par là et lui donner plus d’autorité ? En réalité cet inspecteur, qui inspectera tous