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résolue dans les esprits : on entend beaucoup dire que les catholiques sont divisées sur la réponse à y faire, et que ces divisions existent parmi les pasteurs, comme parmi les fidèles. Les associations cultuelles étant le pivot même sur lequel roule l’exécution de la loi, la question qui se pose à leur sujet est précisément celle qui nous préoccupe : faut-il, ou ne faut-il pas se soumettre à la loi ? En s’abstenant de faire des associations cultuelles, les catholiques ne prendraient pas posture de révolte matérielle, comme quelques-uns l’ont fait à propos des inventaires ; mais, quoique passive, leur résistance serait cette fois bien autrement sérieuse et efficace. L’autorité publique est toujours certaine de vaincre, quand elle le voudra, l’opposition aux inventaires ; elle n’a au contraire aucun moyen d’obliger les catholiques à former des associations ; ils sont parfaitement libres de ne pas en former, et s’ils n’en forment pas, toute la loi s’écroule. Par malheur, elle s’écroule sur les catholiques eux-mêmes, et les premiers intérêts lésés sont ceux de l’Eglise. Nous reconnaissons que l’État sera dans un grand embarras, mais l’Église sera privée des biens dont il lui reconnaissait la propriété ou dont il avait l’intention de lui abandonner l’usage. La dévolution des biens ne peut effectivement être faite par les fabriques qu’aux associations cultuelles : s’il n’y a pas d’associations cultuelles, il ne peut pas y avoir non plus de dévolution, et l’État est obligé par la loi d’affecter les biens des fabriques à des œuvres de charité. De même pour les églises et provisoirement pour les presbytères. L’État ne peut les remettre qu’aux associations cultuelles : elles sont le seul organe de l’Église qu’il reconnaisse encore. Il y a plus : les associations cultuelles sont le seul organe légal, — le seul, nous le répétons, — que la loi autorise en vue de pourvoir à l’exercice du culte. Si on veut en créer d’autres, qu’on pourra croire meilleurs dans des conditions et sous des formes différentes, l’autorité publique interviendra pour les détruire : en d’autres termes, toutes les autres associations qui auraient ce même objet, l’exercice du culte, seront dissoutes. Le dilemme est donc très simple : ou des associations cultuelles, ou l’anarchie. Les associations auront les avantages que nous avons énumérés : elles seront en quelque sorte la main prenante de l’Église, où l’État mettra ses dernières libéralités et où les fidèles déposeront leurs offrandes. Quant à l’anarchie, c’est-à-dire à l’absence de toute, organisation légale, elle aura pour conséquence première, la spoliation, spoliation involontaire mais obligatoire de la part de l’État qui l’opérera contraint et forcé, et pour l’Église l’impossibilité de vivre.