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la liberté de nos prélats. Ils ne s’inspireront que des intérêts de l’Église ; ils n’ont plus à tenir compte de ceux de l’Etat que dans la mesure où le font tous les bons citoyens. Comment n’être pas frappé de deux manifestations aussi éclatantes ? Elles montrent l’Église aujourd’hui maîtresse d’elle-même, maîtresse de ses destinées, et quelque regrettable que reste à nos yeux sa séparation d’avec l’État, il faut bien convenir que le régime nouveau ne va pas pour elle sans compensations. C’est ce que M. Ribot a essayé de lui faire entendre, en s’adressant plus particulièrement à la droite de la Chambre, dans la péroraison de son éloquent discours du 7 mars. Nous nous associons de tout cœur au vœu qu’il a émis que les catholiques, conseillés par leurs chefs hiérarchiques, nous ne disons pas acceptent la loi de séparation, — le mot ne serait pas exact, — mais s’y résignent, et en fassent loyalement l’essai. Quelque mauvaise qu’elle soit dans son principe, elle ne l’est pas dans tous ses détails, ni dans toutes ses conséquences, et, puisqu’on ne saurait d’ailleurs la changer en ce moment, il y a lieu de voir ce qu’on peut tirer de son application. Soyons francs, toutes les difficultés de ces dernières semaines, les désordres provoqués par les inventaires, les ardeurs dont les esprits ont été échauffés, viennent uniquement de ce que les uns veulent faire l’épreuve de la loi et que les autres ne le veulent pas. C’est le secret de ces agitations : il ne faut pas le chercher dans les inventaires, « une misère ! » comme a dit M. Ribot. Le moment est venu de faire cesser les incertitudes. Ni le Pape par un acte de sa souveraineté morale, ni les évêques par un acte collectif résultant de leurs délibérations n’ont encore usé à cet égard de l’autorité qui leur appartient. Nous avons compris et admis leur réserve jusqu’au moment où le règlement d’administration publique serait connu ; mais ce moment est venu. Il est vrai que le document n’est pas encore publié officiellement cœur no varietur, et on en a profité, peut-être à tort, pour ajourner de quelques semaines la réunion des évêques ; mais dans quelques semaines, — et le plus tôt sera le mieux, — il faudra parler, il faudra agir. Dans quel sens ? Notre opinion a été déjà exprimée ici : nous ne commettrons pas l’inconvenance de lui donner aujourd’hui la forme d’un conseil, n’ayant aucune qualité pour cela. Toutefois, si nous ne donnons pas un conseil, on nous permettra de former un vœu.

L’assemblée des évêques aura à s’occuper d’un grand nombre de questions : mais il y en a une qui domine toutes les autres, celle de savoir s’il y a lieu de faire ou de ne pas faire les associations cultuelles. Cette question, qui est pour nous très simple, ne semble nullement